L'histoire :
Dans un avenir proche, les variations climatiques furent telles, qu’une vague géante a englouti la côte sud-ouest de la France. Bordeaux est préservé par de hautes digues, le médoc est un lagon et Arcachon une île. Dans ce contexte, la jeune Miki, 20 ans, prend le train pour la première fois. Elle est en conflit avec ses parents, qui s’inquiètent pour sa santé psychologique : depuis son enfance, elle a tendance à avoir des hallucinations, ce qui l’oblige à être sous traitement permanent. Aujourd’hui, elle se réfugie littéralement chez son amie Colette, pour recueillir son avis au sujet d’une mystérieuse lettre qu’elle a reçue. Le courrier est signé de sa tante Viola, qu’elle ignorait avoir, et lui donne rendez-vous à une adresse précise sur l’île d’Arcachon, pour lui apprendre des « choses » que ses parents lui auraient cachées. Evidemment curieuse, Miki s’y rend et « subit » des choses étranges. Une vieille dame la pousse dans une cave… les personnages d’un tableau tentent de l’attirer dans leur monde… Elle se réveille finalement de ses « hallucinations » sur un banc public, avec un bouledogue noir à ses pieds. Elle rentre chez Colette, qui lui impose un job pour la soirée dans sa galerie d’art… et le chien la suit.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ce diptyque expose en priorité un curieux contexte d’anticipation mâtiné d’ésotérisme. En effet, l’époque légèrement futuriste s’assoie après une « vague » qui immergea a priori le sud-ouest (la carte, en page de garde, est éloquente) ; et les aventures du personnage central de Miki s’appuient sur des hallucinations… qui n’en sont vraisemblablement pas. Le plus curieux demeure donc le propos du scénariste, Serge Meirinho, qu’on peine à cerner. Sur fond d’utopie écolo (cette thématique intéressante n’est absolument pas exploitée), on baigne en plein délire ésotérique standard, dont l’hypothèse la plus probable est l’héritage de Miki pour une malédiction qui l’amène à passer du côté obscur de la… réalité. A ce stade des évènements, il est urgent d’attendre le tome 2 pour en savoir plus, bien que la psychologie des personnages, approximative (les rapports familiaux surtout), ne laisse guère espérer un dénouement très probant. Il est surtout à craindre que cette histoire délaisse les éléments les plus intéressants, au profit de détails insolites un peu gratuits, ou au contraire de poncifs grand-guignolesques du registre fantastique (du genre de la scène finale, à la galerie). Dommage, car au dessin, sans révolutionner le genre, Anton montre de réelles dispositions pour donner du rythme et du mouvement au découpage.