L'histoire :
Le 25 novembre 1970, Tokyo, quartier d’Ichigaya, un groupe d’hommes déterminés fait irruption dans l’École militaire du quartier général du ministère de la Défense. Le général commandant en chef des forces d'autodéfense est pris en otage. Parmi ses ravisseurs, le célèbre écrivain Yukio Mishima. Les deux hommes se connaissent, l'incompréhension règne du côté du général. Le visage fermé, Mishima semble écrire un chapitre décisif de sa vie. La tension est à son comble. Né en 1925, Kimitake Hiraoka, qui n’est pas encore Mishima, va vivre ses premières années sous l’influence de sa grand-mère. Une enfance d’enfant fragile et intelligent, un destin tout tracé dans la haute fonction publique comme le souhaite son père... Et pourtant le goût de la littérature, son amour du Japon, ses idéaux nationaliste, comme son goût pour la littérature européenne, vont le mener sur un tout autre chemin. Mishima deviendra un grand écrivain, mais il sera aussi un athlète digne de l’idéal des statues grecques. Mais Mishima est aussi animé par un goût charnel pour les hommes et un imaginaire homo-érotique morbide. Mishima est une énigme, un homme subtil qui cherchera toute sa vie à mêler l’esprit et l’action : toute une aventure… où la beauté de la mort plane, où le ridicule se marie au grandiose.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’attaquer à une biographie de Mishima n’est pas chose aisée, tant le personnage est complexe, tant cet auteur qui ne croyait pas « en l’authenticité des mots » semble avoir délibérément brouillé les pistes. Mishima porte des masques comme le quidam change de veste. Le scénario de Patrick Weber est finement ciselé, parfaitement agencé. Il rend justice à la vie mouvementé de Mishima, mais aussi à la poésie de son regard d’artiste. Le choix de commencer par l’acte final de son existence invite le lecteur à se questionner sur cet homme qu’est Mishima, cet homme à la recherche de la pureté du geste. Li-An, le dessinateur, semble lui aussi animé par cet idéal en nous livrant des planches en noir et blanc dynamiques. Enfin, les auteurs ne tombent pas dans le piège de la morale ; au vu du sujet et des obsessions de notre époque, la prouesse n’est pas loin. Un roman graphique intelligent qui ne s’épuise pas en seule lecture.