L'histoire :
Archevêché de Paris à St-Cloud, le 18 février 1673. Madame Armande Béjart, la femme de Molière, est en grande discussion avec les autorités religieuses locales pour que son mari ait un enterrement religieux. En effet, ils se sont mariés devant Dieu et ont fait baptiser leurs enfants. Qui plus est, peu avant sa mort, Jean-Baptiste Poquelin a souhaité la présence d’un prêtre avant de rendre son dernier souffle. Or, l’archevêque lui rétorque que l’abbé présent lors du trépas de son mari n’a pas attesté de la véritable volonté de son défunt mari de se repentir. Et pour cause ! L’abbé est arrivé trop tard et aucun prêtre de Saint-Eustache n’a daigné se déplacer au chevet du sieur Jean-Baptiste Poquelin... Mais l’archevêque se veut intransigeant : Molière était connu et cela se saura vite qu’il n’était pas réconcilié avec Dieu au moment fatidique. De fait, il ne veut pas être accusé d’avoir accordé un passe-droit à un homme qui n’a jamais cessé de créer du remous dans les âmes pieuses au travers de ses œuvres. Pour autant, Armande décide d’insister auprès de l’homme de Dieu pour qu’il accorde une sépulture religieuse à son mari, afin qu’il repose près du créateur. Car pour elle, son époux n’avait pas pour ambition de prôner l’athéisme. Devant tant d’insistance, l’archevêque lui demande pourquoi les prêtres de Saint-Eustache ne se sont pas déplacés sur le lit de mort de Molière. Pour le savoir, il faut remonter quelques années en arrière, en 1669...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce dernier tome de l’histoire de Molière, Vincent Delmas et Sergio Gerasi s’attachent à mettre l’accent sur les zones d’ombre de la vie de Jean-Baptiste Poquelin, notamment dans ses relations amoureuses avec Armande et Madeleine ou dans la direction drastique de sa troupe de théâtre. Au-delà de ça, on en apprend aussi un peu plus sur ses dissensions avec d’autres auteurs de son époque, comme Jean Racine ou Pierre Corneille, le tout à la plus grande joie du Roi qui se plaît à les mettre en concurrence. Mais le point le plus marquant de cette BD est l’après-Molière. A sa mort, Armande prend en effet la tête de la troupe pour tenter de continuer à faire vivre l’aura de feu son époux. Bref, Survivre à Jean-Baptiste se pose comme un album crépusculaire sur la fin de Jean-Baptiste Poquelin, le tout avec énormément de détails et de recherches historiques. On sent que les auteurs n’ont pas pris leur sujet à légère. En ce qui concerne la partie graphique, Sergio Gerasi réalise encore une fois un travail soigné dans ses dessins, mais manque parfois d’apporter les émotions sur les visages et les attitudes dans quelques planches. C’est assez dommage au final, car l’homme est loin d’être manchot ! En fin de compte, ce troisième et dernier tome de l’histoire de Molière permet de (re)découvrir la biographie de cet auteur français considérable, avec panache, mais toujours dans la réalité historique.
