L'histoire :
Au décès de sa mère, forte de ses diplômes d’avocat, la jeune et séduisante Alix Des Maures vient s’installer sur la côte d’Azur, avec le soutien financier et politique de son père, le puissant sénateur-maire Romuald des Maures. Or, elle prend rapidement la mesure de la corruption locale et décide de se lancer en politique, s’opposant par là-même à son propre père et à ses sbires, dont Louis Ramdane, promoteur immobilier véreux. Ces derniers abusent en effet de tous les registres possibles de la corruption, pour parvenir au final à bétonner un littoral sauvage, et le transformer en une station balnéaire lucrative. De notoriété publique, ces pratiques abondent plutôt dans le sens d’Alix, qui est élue députée en battant le poulain de son père, René Santo. Le paternel fait néanmoins annuler cette élection pour un prétexte bidon, et poursuit sa contre-attaque avec une monstrueuse campagne de diffamation. Pendant ce temps, une livraison de drogue est braquée en pleine mer. Ramdane, qui avait cru judicieux de jouer dans la cour des grands, est tenu pour responsable et aussitôt assassiné ! L’intègre commissaire Laplace, lui-même amant d’Alix, se met sur l’affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas la peine de faire de mystère : comme annoncé par le prologue de la série et par le présent titre, ce troisième opus met un terme à un polar mafieux politique à la française, et pas de la plus optimistes des manières. Librement inspiré de l’affaire Yann Piat (députée assassinée en 1994), l’intrigue focalise une nouvelle fois sur les dérives de certains élus politiques varois (ici fictifs !) et les pratiques mafieuses courantes. Aux pots de vins, expropriations sauvages, détournements de fonds ou abus de positions dominantes des premiers, se complètent le proxénétisme, le racket, les rafles et le trafic de stupéfiants des seconds. Vous l’aurez compris, il n’y a guère de morale dans cette histoire crédible où tout est mal qui se finit mal. Comme dans la plupart de ses scénarii, l’ancien reporter Jean-Claude Bartoll met en exergue de manière technique et précise des pratiques hélas justes, mais ne laisse que peu de place à l’humain. De fait, les protagonistes ne sont guère attachants, et cette distance est renforcée par le dessin lui aussi très (trop ?) réaliste et froid de Thomas Legrain, manquant pas mal de caractère. Au final, cela donne froid dans le dos et incite singulièrement à bouffer sa carte d’électeur…