L'histoire :
Max Duchamp, motard émérite, s’adresse au lecteur en expliquant que des adeptes de la responsabilité civique se plaignent du fait que Motomania ne soit pas politiquement correct… Le comportement des personnages qui ignorent trop souvent le code de la route au guidon de leur 2 roues donnent un mauvais exemple aux plus jeunes. Faisant mea culpa, le motard désormais politiquement impecc’, nous invite à tourner la page.
Politiquement korrek : Max et Dany se préparent pour une sortie à moto. Leurs véhicules sont entièrement équipés, légalement, avec les pots d’origines et tout. Pendant la ballade, ils ne doublent que s’ils en ont le droit, respectent les 50 mètres recommandés entre deux véhicules et leurs gilets de sécurité les rend visibles de loin. Même le radar mobile reste tranquille. Alors en bas de page, les bikers s’adressent au dessinateur et lui demandent « c’est quoi c’te merde ? » « Exak ! C’était bien une idée à la con ! Allez, c’est reparti ! »
Promotion du sport : Au ralenti derrière un groupe de cyclistes, Duke s’impatiente sévèrement. Après 2 très longs kilomètres, il s’adresse à un képi en faction, se plaignant qu’ils bloquent la route. Ce dernier lui explique que les zuzagers peuvent faire preuve de tolérance, ils s’entraînent pour le critérium régional. Qu’à cela ne tienne ! La semaine d’après, la bande de motards au taquet prend la corde au nez et au rayon du groupe de cyclistes, qui carambolent dans un freinage d’urgence. Au brigadier, ils expliquent qu’ils se sont inscrits pour la coupe R6 l’année prochaine, les zuzagers peuvent faire preuve de tolérance, non?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aux commandes de la série Motomania depuis 1995, Holger Aue livre un douzième tome, Ni vu ni connu je t’enrhume, dans la veine du précédent : déjà vu et bourrin à souhait. Graphiquement, ça tient la route dans le registre gros nez, avec en prime les gros yeux qui gratifient les personnages d’un air bien stupido. Les fanas de gros cubes s’accommoderont peut-être du « gros grain » de l’humour dans des saynètes sur bitumes, qui ne mangent pas de pain tellement c’est poussif, à l’inverse des montures des personnages. Les motards à l’ouvrage sont plutôt sympathiques, à l’aise dans leur allure un peu négligée, signe de dévouement à leur passion. Quelques gags surnagent cependant, comme celui de la combinaison étanche ou de la Laverda qui passe au banc d’essai après le super tuning de Paulo… dommage qu’ils soient si peu nombreux. C’est le coup de crayon, avec son air à la bonne franquette sans prétention, qui sauve la série. A n’en pas douter, un passage au « garage des bonnes vannes » ajouterait quelques chevaux à l’humour vraiment bateau qui rythme les planches-gags. Avec un bon mécano au scénario, Holger Aue trouverait la cerise qui manque à son gâteau et pourrait se consacrer entièrement au dessin, avec davantage de détails en arrières plans, par exemple. A réserver en l’état aux fans inconditionnels, bons clients dès qu’une bécane pointe son guidon. Pour les autres, choisissez le panneau « autres directions ».