L'histoire :
Le dessinateur Tignous interviewe le personnel et les détenus du centre pénitentiaire de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées. Cette prison de bientôt 30 ans, située entre Toulouse et Pau, a la particularité d’abriter majoritairement des hommes condamnés à de longues peines. Notamment, certains détenus de ce centre sont beaucoup plus riches que la moyenne. Un gardien explique en effet que l’un des prisonniers touche 5 000 € par jour de revenus. Même sans être millionnaire, de l’argent, il en faut en prison ! Car le confort a un prix : 8€/mois pour un frigo dans sa cellule, 22€ pour une télévision (mais gratuite pour les indigents)… Encore heureux, 2 rouleaux de papier toilette et un berlingot de détergent sont offerts tous les mois par prisonnier ! A Lannemezan, les basques sont très présents, car proches de chez eux, mais peu causants avec les autres prisonniers. Et mieux vaut ne pas taquiner celui qui ne veut pas parler, car en prison, le bruit est la cause n°1 des meurtres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album publié à titre posthume du dessinateur assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo, en janvier 2015, n’est pas un album comme les autres. Les premières pages composées de l’avant -propos de son épouse Chloé Verlhac, ainsi que l’émouvante préface de Christiane Taubira, garde des sceaux à l’époque de sa parution, nous apprennent que cette BD était un projet qui tenait à cœur au dessinateur et qu’il n’a malheureusement pas bouclé lui-même. Par ce biais, Tignous désirait faire connaître au grand public les coulisses des prisons qu’il connaissait bien, par des mois d’enquêtes au quatre coins de la France. Prison pour mineurs, prison pour femme, ville-prison de Fleury-Mérogis… Nous plongeons ici dans (l’enfer ?) quotidien des détenus et des surveillants pénitenciers. Tignous croque ses interlocuteurs à la manière des dessins d’audiences qu’il avait appris à faire pendant « l’affaire Colonna » et qui est également traitée par Tignous en BD (Le Procès Colonna). Il sait si bien faire causer les truands, qu’une empathie naturelle à leur encontre nous tombe dessus au fil de la lecture de ces témoignages. Et ça fait du bien, ce sincère témoignage cassant les stéréotypes. Nous avons affaire à un beau livre qui nous rappelle que Tignous ne doit pas seulement rester dans nos esprits comme un martyre du #Jesuischarlie, mais qu’il était et restera surtout un grand auteur-dessinateur.