L'histoire :
A la fin des années 30, Antonin Artaud arrive d’Irlande et il est aussitôt arrêté pour trouble à l’ordre public, puis interné dans un asile psychiatrique. Dans un état avancé de confusion mentale, en 1938, il est transféré à Saint Anne, d’où il écrit de nombreuses lettres signées Antoneo Arlanopulos. Son état mental et sa condition physique se dégradent rapidement et l’entrée en guerre n’arrange rien. Sa famille et ses amis font leur possible pour permettre à Antonin de rejoindre la zone libre et éviter le rationnement de l’envahisseur. Les vœux de ces derniers sont entendus : Antonin Artaud est transféré au centre psychiatrique de Rodez. Ce dernier ne comprend pas pourquoi il doit quitter Paris et il le dit de façon dure et méchante à sa mère, qu’il rejette. Les séances avec le docteur Ferdière sont dures et éprouvantes. Ce dernier utilise les électrochocs pour sortir Artaud de son mutisme ou pour le débarrasser un temps d’une partie de ses démons. Même si la technique est controversée, Antonin Artaud reprend une activité artistique et se remet à écrire et à dessiner. En 1945, Artaud a besoin de tisser des liens sociaux et ses amis tentent de le faire revenir à Paris.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album n’est pas à proprement parler une biographie d’Antonin Artaud mais une vie possible. Ce roman graphique est en effet plus une œuvre de fiction basée sur des faits réels qu’une biographie. Mais d’abord, qui est Antonin Artaud ? De mémoire d’étudiant, ses textes sont rarement traités dans le cursus éducatif général. Benoît Broyart au scénario et Laurent Richard au dessin nous emmènent à la découverte de cet homme de l’art errant dans un état de confusion mentale depuis son plus jeune âge. Issu d’une famille bourgeoise, Antonin Artaud souffre de maladies récurrentes qui l’enferment et le rongent petit à petit, jusqu’à l’obliger à faire des cures et des séjours d’internement – voire un internement complet à Rodez à la fin de sa vie. Le style narratif de l’album est intéressant, car Benoît Broyard donne la parole au docteur Ferdière qui était en charge du centre psychiatrique de Rodez. Ce qui est étonnant, c’est que le récit du docteur se fait de l’au-delà et il survole de temps en temps le récit, assis sur son canapé. Au niveau du dessin, Laurent Richard utilise un trait réaliste simplifié, pour dérouler le fil de l’histoire sans apporter beaucoup de dynamisme. Cependant, les cases où Artaud est poursuivi par ses pensées noires ou sombres apportent un bel aspect graphique et collent parfaitement aux démons qui rongent l’homme. Cet album décrit la vie tourmentée d’Artaud et son combat contre les idées noires et ses démons, mais il ne fait qu’effleurer son œuvre.