L'histoire :
Perséphone vit heureuse avec sa mère Déméter et profite de la nature dans les beaux endroits fleuris de Sicile. Pourtant, la jeune fille grandit et elle fait l'objet de mille convoitises. Zeus le sait bien, car son propre frère, Hadès, lui demande sa main depuis plusieurs lunes. Le roi des Dieux sait que Perséphone est en âge de se marier, mais il sait aussi que la chose est impossible. En effet, Déméter est une véritable Cerbère. Elle garde jalousement sa fille et ne la lâche pas du regard. Une rencontre secrète est donc inenvisageable. Zeus ne peut pas non plus dire la vérité à la déesse des moissons et de l'agriculture. Si Déméter connaît la vérité, elle s'y opposera farouchement et cela ne fera que compliquer le mariage. Ne reste plus qu'une solution : l'enlèvement ! Mais comment ravir la fille aux mains de sa mère, sans que cette dernière identifie le coupable ? Il demande de l'aide à Gaïa et celle-ci lui rappelle que la chose est simple : il suffit d'attirer Perséphone dans un piège. Le lendemain, Hadès met le plan à exécution. Alors que les filles profitent de la forêt, Perséphone remarque une belle fleur qu'elle n'avait jamais vue jusqu'alors. Elle se précipite pour la cueillir, mais la terre s'ouvre au même moment. Le char d'Hadès en sort à toute vitesse et le roi des Enfers kidnappe la jeune femme. Déméter se retourne mais il est trop tard : sa fille a disparu et elle n'a même pas vu qui l'a enlevée ! Seule la déesse de la Lune, Hécate, a tout vu...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mort et la vie font partie des thèmes les plus sérieux et intéressants de la mythologie grecque. La collection des mythes de Glénat en réunit ici deux histoires célèbres : l'enlèvement de Perséphone aux Enfers et la descente dans le monde des morts d'Orphée. Le thème commun est donc les Enfers, le monde souterrain dirigé par Hadès. Mais on peut se sentir légitimement frustré du choix opéré. En effet, ces deux mythes sont superbes et pleins de force et auraient mérité un traitement unique pour chacun d'eux. Non pas que Clotilde Bruneau oublie certains passages, bien au contraire : chaque détail est traité de façon fidèle et sérieuse. Malheureusement, comme beaucoup d'autres tomes de la série, il manque un grain de folie et de passion à l'ensemble. Retranscrire simplement et fidèlement les histoires est important, mais il aurait fallu ajouter une touche d'âme et d'humain, qui manque cruellement à ces deux histoires pourtant porteuses et profondes. Il en va de même pour la prestation graphique de Diego Oddi. Son dessin est appliqué et plein de force, mais la représentation des dieux en humains les rend fades et sans vie : Déméter semble encore plus vide qu'après l'enlèvement de sa fille et Zeus manque cruellement de charisme. Les humains Orphée et Eurydice sont également très loin des symboles poétiques qu'on leur prête. Malgré tout, l'artiste parvient à impressionner avec sa vision des Enfers. Le royaume des morts est impressionnant et représenté cette fois avec beaucoup d'audace. On notera que même les annexes rédigées par Luc Ferry, directeur de la collection, manquent de profondeur. Pour une fois, l'ancien Ministre de l'Education Nationale se contente de faire de la paraphrase en décrivant les histoires détaillées dans l'album sans trop apporter d'interprétations symboliques. Pas de quoi aller aux Elysées mais, heureusement, pas non plus de quoi plonger dans le Tartare...