L'histoire :
L'univers d'Edwel Conrad a basculé au moment de sa première expérience réussie de dépassement de la vitesse de la lumière pour un proton dans un accélérateur. Les théories de la relativité restreintes allaient dès lors être battues en brèche pour laisser la place à la possibilité de plusieurs univers de se côtoyer. A l'image d'une particule qui disparaît quelques fractions de secondes, les possibilités de quitter sa propre réalité s'ouvrent. Edwel s'en rend compte lorsque son propre futur intervient dans sa réalité. Sa loi de multiplicité est confirmée dans toute sa violence, par la mort de sa femme Elsa dans une fusillade. Un groupe de Timejumpers a juré de le faire disparaître de toutes les trames temporelles où il existe, pour conserver le privilège du voyage dans le temps au sein d'un nombre ultra limité de personnes. Une mystérieuse société appelée Ouroboros organise depuis le futur des expéditions temporelles censées asseoir son pouvoir. Mais dans le présent d'Edwel, l'heure est à la fois au deuil et à la mise en place d'un programme de recherches à la hauteur des promesses de la supra-physique. Un représentant d'une entreprise allemande et un ministre français vont sceller un accord pour prendre en main le potentiel fabuleux de ces découvertes balbutiantes. Ils ignorent encore que le futur et le présent sont déjà en train de se mêler...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Didier Convard poursuit ici l'exploration de son Paradoxe temporel, qui se déroule sur plusieurs échelles de temps et provoque l'imbrication de réalités parallèles multiples. L'originalité de Paradoxes réside à ce stade dans la description de trois moments séparés de quelques décennies, dans lesquels Edwel évolue à différents âges. On assiste aux étapes qui conduisent aux premières expériences de réalités multiples, tout en suivant les conséquences des conflits et des collusions qu'elles provoquent. C'est plutôt habile, parfois un peu lourd en explications pseudo scientifiques, même s'il faut reconnaître que le scénariste se sert avec brio de références littéraires ou physiques réelles et contemporaines. Sur le plan narratif, le lecteur peut se laisser perturber par quelques incongruités comme ces sourires sur tous les visages quelques heures à peine après l'enterrement d'Elsa. Un peu comme si le temps du dessinateur se déroulait à une vitesse différente de celle de son scénariste, ce qui n'est pas forcément faux, d'ailleurs. Laurent Bidot illustre son histoire avec sobriété, ses visages restant néanmoins parfois un peu figés sur leurs modèles photographiques. Il sait faire exploser son cadre de belle manière lorsque les opposants temporels se confrontent, servant au plus près les intentions de son scénariste. Malgré le relatif peu de cas accordé à la psychologie de ses personnages, ce deuxième épisode ne déçoit pas. Il lance de nombreux axes pour rendre son suspense plus intense. Et donne la dose de prise de tête qu'on attend toujours lorsqu'on plonge dans le paradoxe temporel...