L'histoire :
L'expérience menée à la demande d'Edwel Conrad dans le Tevatron, l'accélérateur de particules de Chicago, est une réussite. Un proton mis en jeu dans cette course au delà de la vitesse de la lumière a disparu, l'espace de 4 centièmes de seconde. Quelques instants projetés dans un autre univers, qui bouleversent les lois de la science et les limites auparavant imposées à la matière physique. L'équipe française du CNRS n'en revient pas. Cette réussite étourdissante leur ouvrant les portes de nouvelles expériences. L'arrivée des sponsors du programme de recherche, la firme allemande Karfield Physikal, devrait permettre à l'équipe de Conrad de créer l'Institut de Supraphysique qui fera passer son travail à l'échelon supérieur. Mais si la séparation entre l'espace et le temps est mise en cause et qu'un programme de recherche se met en route aujourd'hui, cela veut dire que quelques décennies plus tard, le voyage dans le temps sera peut-être possible. Et si c'est le cas, les voyageurs d'une époque future sont probablement déjà à l'œuvre dans le présent. Quelle est alors leur point de vue sur cette découverte fantastique ? Qui va chercher à parcourir le temps pour intervenir dans la vie d'Edwel Conrad ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le très érudit Didier Convard quitte l'univers mystico historique des Triangles Secrets aux multiples époques, pour donner sa vision du voyage dans le temps. Sous un format de polar contemporain, il nous plonge dès sa première page vers l'ultime paradoxe de la rencontre entre deux évolutions possibles d'une même personne. C'est donc un fait acté dès son introduction : le futur et le présent sont en permanente interaction, la découverte de Conrad a abouti. Le futur qui en découle existe donc immédiatement, et toutes ses versions possibles avec lui. Car le postulat du scénariste est de laisser chaque futur possible coexister, et créer par ses interventions de nouvelles dimensions au déroulement du temps. Cela pourrait donner lieu à un beau bazar, mais ce premier tome tient la route, sans qu'il soit nécessaire d'agripper l'accoudoir de son fauteuil. On est habilement amenés à accepter ce va-et-vient entre les époques, happés par les évidences que le scénariste construit sous nos yeux. Le dessin de Laurent Bidot, fin et précis, percutant dans les scènes d'action, est tout à fait approprié pour dépeindre cette ambiance mi-actuelle mi-futuriste. Il tente avec courage de deviner à quoi ressembleront les voitures de 2034, ce qui est toujours un exercice périlleux. Il suffit de relire un album qui tentait de le faire il y a quarante ans (Luc Orient par exemple) pour s'en convaincre. Il y a également toujours le risque, lorsqu'une série comme celle-ci démarre, que le succès amène à une saga aux saisons multiples et aux déclinaisons ruineuses pour le lecteur accroc. Surtout lorsque le personnage principal est prix nobel de physique pour sa loi de « Multiplicité ». Rien ne permet de l'affirmer, mais c'est un futur possible !