L'histoire :
Lorsqu'une pièce de théâtre mettant en scène l'attitude de Pie XII face à l'Allemagne nazie est interrompue par des militants catholiques, Miriam et Rachel se rencontrent et engagent une conversation animée. Comment Miriam, fille d'un rabbin qui a vécu l'époque nazie, peut-elle prendre la défense de celui que Rachel appelle le Pape d'Hitler ? Nous sommes au début des années soixante et la polémique bat son plein. Mais Miriam a déjà étudié les mémoires qu'Eugenio Pacelli écrits depuis qu'il est enfant. Elle y a trouvé une passion profonde pour les études et la foi catholique, mais aussi une curiosité permanente pour les écrits d'autres religions. Eugenio est un élève puis un étudiant acharné et brillant, qui vit avec fierté son ordination alors qu'il n'a pas encore vingt-cinq ans. Très vite il se voit offrir un rôle important au Vatican, où sa capacité de travail et son intelligence vont servir les affaires diplomatiques. A la mort de Pie X en 1914, Eugenio est déjà en contact avec les papes et va devenir un proche de Benoit XV. Il travaillera à défendre la vision du nouveau pape qui souhaite proposer aux belligérants un projet de paix qui ne comporte aucune humiliation, voyant déjà poindre le risque d'un sentiment national de revanche pour les décennies qui suivront.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On sent clairement que cette biographie de Pie XII vise à donner un éclairage différent sur le Pape qui a régné au temps de l'Allemagne hitlérienne. Les auteurs nous plongent dans l'enfance de l'homme d'Eglise et nous montrent comment il a pris, presque malgré lui, les plus hautes responsabilités. Dans ce premier volume, sur deux prévus, on n'atteindra pas encore le cœur du problème et les prises de positions de Pie XII face à l'horreur nazie. Mais la construction est en place pour créer un vrai suspense, à la manière d'un documentaire historique qui ménage habilement ses effets. Le scénario de Théa Rojzman est équilibré, avec une réelle montée en puissance à mesure qu'on s'approche de la période clé. Le personnage de Rachel fournit un angle original, une forme de recul dans le récit lui-même, et provoque un intérêt supplémentaire. Eric Juszezak réussit à rendre très crédible la jeune femme juive qui a survécu à la guerre, grâce à un trait précis et un visage très vivant. Il en va de même du futur Pie XII. Ses pages avancent de manière très fluide et s'affranchissent de la difficulté que représente une succession de scènes de dialogues. Grâce à tout cela, on lit le récit des premières années du jeune Eugenio Pacelli avec un vif intérêt. Un dossier spécial signé par le conseiller historique Bernard Lecomte conclut l'ouvrage. Ce premier volume consacré à ce pape donne un aperçu plaisant de l'ensemble de cette collection thématique.