L'histoire :
Au chômage depuis plusieurs années, Jean désespère de trouver un nouveau job. Il n’a plus les moyens de payer les travaux de sa nouvelle maison en construction en banlieue et il habite donc dans la caravane qu’il a garée derrière. Mais aujourd’hui, il se rend en transports en commun à un nouvel entretien d’embauche, dans un bel immeuble parisien. Il est reçu par un austère agent d’accueil dans un luxueux salon. On lui indique le bureau où le test d’embauche va avoir lieu. Une femme concentrée sur son ordinateur lui demande de retirer veste, cravate, chaussures et de s’allonger sur une méridienne. Puis contre toute attente, elle vient s’allonger à côté de lui et se blottit dans ses bras, tandis que son secrétaire lui lit le CV de Jean : ancien chauffeur routier, chômeur, insomniaque… La patronne le trouve confortable, pas trop osseux et il exhale une odeur agréable : elle lui signe une vacation pour le soir même. Jean rentre chez lui un peu décontenancé. Il annonce à sa compagne Marianne qu’il a été recruté pour un premier test comme veilleur de nuit dans une boîte de luxe genre LVMH. Jean l’ignore encore, mais en tant qu’« homme oreiller », il vient de trouver le poste de ses rêves. Ou plutôt de celui des autres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous faites des insomnies, vos nuits sont agitées, peu reposantes ? Faites appel à Pillow man, littéralement « l’homme oreiller » ! Dormir au côté de sa rondeur ou dans les bras de sa bonhommie, sans la moindre connotation sexuelle, offre un apaisement total et absorbe tout stress, tel le ronronnement du chat. Voilà le pitch relativement simple de cet épaisse chronique sociale en one-shot, qui permet aussi un bon moment de délassement et d’endormissement si vous lisez le soir dans votre lit. C’est donc l’histoire de Jean, qui trouve un poste à la mesure de son gabarit et de son calme : le voilà « doudou pour adultes ». Et plus spécialement pour femmes d’affaires d’un certain âge, qui peinent à trouver le sommeil. Evidemment, se pose la question de l’attirance sexuelle (c’est totalement prohibé par le règlement !) qui assimilerait le job à de la prostitution ! Jean se confronte aussi à la jalousie de sa vraie compagne, lorsqu’elle apprend la nature de son poste de « veilleur de nuit ». Mais Jean ne couche pas avec d’autres femmes, il couche à côté et il veille effectivement à maximiser leur repos. Cette histoire de Stéphane Grodet est originale et gentiment truculente, sans être totalement fulgurante non plus dans son propos. Elle évoque en décors de fond une pathologie collective de notre époque, malade du stress. Elle trouve au travers du dessin stylisé très rond de Théo Calméjane le juste support graphique : rond, simple, sans prétention… reposant.