L'histoire :
Jim Jewsky vit dans un demi secret son histoire d'amour avec Jenny, la très belle actrice qu'il a fait jouer dans un de ses derniers films pornographiques. Mais dans le Hollywood du milieu des années 30, une relation assumée entre un réalisateur blanc et une actrice noire concentre les haines de tous bords. William Kruger, un détective privé, surprend Jim au petit matin, qui écoute sans méfiance les explications du visiteur. La tenancière de bordel qui lui avait commandité un film pornographique où figurait Jenny vient d'être assassinée, ainsi que le riche armateur qui l'a projeté lors d'une soirée privée. Au moment où il sort son arme et la pointe vers le réalisateur, Jenny surgit et l'abat d'une balle. L'inspecteur de police Jack Tyner, qui vient sur les lieux, accepte les explications de Jewsky, qui affirme s'être défendu et avoir tiré le coup de feu. Lorsqu'il l'emmène dans sa voiture, c'est pour une rencontre avec Baldoni, le patron local de la mafia, qui a embauché le prédécesseur de Tyner et tient le nouveau responsable de la police sous sa coupe. Quand il lui propose de signer avec la maison de production FilmGreat, Jim réalise qu'il vient de mettre les mains dans un engrenage sans fin. Sa carrière cinématographique pourrait redémarrer, mais au prix d'une dépendance vis à vis de l'organisation criminelle, et d'un Baldoni qui lui demande également de mettre fin à sa relation amoureuse « contre-nature ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième volume des mésaventures d'un réalisateur presque sans travail dans le Hollywood des années 30 se poursuit en mettant l'accent sur le contexte du racisme qui explose. L'histoire d'amour entre Jim et Jenny est le cœur d'une vague de violence criminelle que le héros va tenter de traverser en refusant de céder aux exigences des extrémistes comme des mafieux. Au scénario, Noël Simsolo multiplie les scènes d'affrontement arme au poing où tous les intervenants ont des raisons d'utiliser la violence, dans une société qu'il décrit totalement rongée par la corruption. Avec son style classique, proche d'une certaine ligne claire, Dominique Hé alterne de très belles vues de paysages urbains rétro et des cases visiblement plus rapides où les dimensions de ses personnages semblent un peu fluctuantes. Les deux auteurs ne donnent pas la sensation d'une collaboration très fluide, le dessinateur semblant à la peine pour remplir ses cases de toutes les informations données par son scénariste. Le polar dense et noir concocté par Simsolo manque d'espace pour déployer ses ambiances, ce qui se traduit par une succession rapide d'événements marquants et de meurtres. Il n'évite pas l'écueil traditionnel d'un auteur qui veut proposer la même alternance d'ambiances, de dialogues et d'actions que dans un roman, en oubliant ce qui fait la force spécifique de la lecture des planches dessinées. Ici pas d'ellipses et des cases muettes qui sont censées raconter trop de choses quand elles sont lues très vite. Le contexte des relations entre réalisateurs et mafia, dans une société américaine où se mélange un racisme presque institutionnel et un puritanisme totalement faux, reste néanmoins très intéressant.