L'histoire :
Idaho, hiver 1864. À l’Est, la guerre de Sécession touche à sa fin. Promise, petite bourgade isolée au pied des montagnes Rocheuses, voit son quotidien bouleversé avec l’arrivée d’un prédicateur itinérant. Pour ses habitants, qui se sentaient abandonnés de tout, du temps, des hommes et même de Dieu, cette présence est un réconfort... Mais un réconfort de courte durée. Car l’Enfer vient aussi d’entrer à Promise. S’appuyant sur des passages apocalyptiques de la Bible, le prédicateur Amos ensorcelle tout le village, et notamment la mère de Rachel, douze ans, qui vient de perdre son père dans des circonstances mystérieuses. Rachel accuse d’ailleurs, à juste titre, le pasteur d’avoir tué son père, mais personne ne veut la croire. Elle est jetée au ban de la petite communauté, en même temps que le médecin du village, le seul qui soit lettré et stoïque face à la vague mystique, le docteur Read. Malheureusement pour eux, la puissance de l’imprécateur va grandissante et menace leurs vies. Rachel trouve le courage de l’affronter, grâce à ses visions et ses rêves où Boa Ogoi, l’homme médecine d’une tribu disparue, les Shoshone, l’aide à percer à jour le côté sombre d’Amos… Un combat inégal va alors débuter.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est ce qu’on appelle une belle montée en puissance, un crescendo inquiétant… Dans ce second tome de la trilogie, le pasteur Amos prend une place prépondérante dans la morne vie des villageois de Promise. Il est un être démoniaque, l’Incube, démon chanté par Edgar Allan Poe, ignoble et immortel. Le scénariste Thierry Lamy montre une nouvelle fois qu’il connaît ses classiques. Amos exerce, grâce à ses sermons, ses imprécations même, un ascendant moral et religieux de plus en plus fort sur la communauté. Il dévoile peu à peu son personnage, au charme vénéneux pour les adultes naïfs, à l’horrible cruauté pour ceux qui le percent à jour, le docteur Read et Rachel. Les légendes indiennes essaient d’aider Rachel dans sa lutte contre les démons chrétiens, mais ils sont trop naturels, trop tendres pour lui résister. Cet album médian est une prise en main, progressive, implacable, du Mal sur la petite ville de Promise. On voit mal comment ses habitants vont pouvoir s’en sortir… Porté par le dessin du Québécois Mikael, sombre et majestueux, l’histoire prend corps et interpelle. Les paysages glacés, les montagnes enneigées donnent un décor grandiose à des scènes d’action rythmées et bien découpées. Embarqués par un scénar manichéen mais diablement efficace (si l’on ose dire), on s’attend désormais à un final en apothéose.
