L'histoire :
Août 1658. Après avoir escorté des jésuites dans leur mission d’évangélisation de la « Nouvelle France » (actuel Québec), Pierre-Esprit Radisson est considéré comme déserteur par le gouverneur de la province. Il est en effet accusé d’avoir abandonné sa mission pour s’adonner au commerce de fourrures. Sur le terrain, Radisson et son beau-frère Médard Chouart Desgroseilliers œuvrent en effet désormais en autonomie. De toute manière, le tissu politique des guerres de tribu entre Iroquois (ennemis) et Hurons (alliés) ne leur a pas laissé grand choix. Les deux aventuriers cherchent donc à rejoindre la baie du nord (actuelle baie d’Hudson) où, parait-il, les castors vivent à profusion. Ce vivier serait de nature à refinancer la colonie, alors en grand déficit. Ils sont accompagnés par de fidèles guerriers indiens, Hurons et Outaouais. Mais l’ampleur du voyage les épuise. Ils font donc une pause de quelques semaines, le temps que les indiens fasse l’aller-retour vers leurs familles, et construisent pour cela un petit fort, en bordure de lac. Puis ils sont accueillis chez les Folles Avoines, une autre tribu amie, qui sont subjugués par la modernité de leurs armes (fusils) et de leurs outils. L’hiver qui suit est alors d’une rigueur sans pareil, causant de nombreuses victimes chez les indiens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome 3, Jean-Sébastien Bérubé poursuit la retranscription en BD de l’extraordinaire aventure vécue par Pierre-Esprit Radisson, l’un des premiers colons français à avoir exploré le Canada. L’escorte tourmentée des jésuites (dans le tome 2) le classe certes désormais hors la loi à Montréal… mais il l’ignore, trop occupé par un nouvel objectif lucratif : trouver la baie du nord et y chasser le castor, afin d’en revendre les fourrures. Son périple s’effectue cette fois aux côtés de son beau-frère et dans un climat de confiance stable et durable avec les indiens. Ce faisant, Radisson établit des relations diplomatiques et amicales avec les tribus autochtones, bien meilleures qu’il en aura désormais avec sa patrie d’origine. S’appuyant sur le récit autobiographique de Radisson, lui-même parfaitement tumultueux, Bérubé n’a pas grand mal à rendre l’aventure palpitante, sans se départir d’un astucieux didactisme. Combats, commerces, famines, accidents et grands espaces sont tour à tour au menu, pour le plus grand bonheur du lecteur. Moderne dans son trait semi-réaliste (Radisson a notamment un nez pointu improbable), le dessin est impeccablement mis en scène et découpé. Petit à petit, Bérubé bâtit une œuvre historique de Mémoire franchement enthousiasmante…