L'histoire :
L’électricité s’est définitivement arrêtée, partout sur Terre. Des catastrophes en chaîne se sont alors produites, le monde moderne de cette année 2052 s’est effondré. L’humanité est ravagée et se ravage elle-même en cédant à la barbarie, chacun tentant d’assurer sa survie au détriment des autres. Dans le chaos, François, Blanche et une poignée de compagnons ont décidé de se grouper pour quitter la région parisienne, vers le Sud. Leur trip à motos s’arrête devant une grande surface spécialisée en vélos. François ne veut pas rester dépendant de l’essence et de l’huile. Poursuivre le périple en vélo sera certes plus lent, mais plus sûr. Ils assassinent quelques employés à coup de machettes, chargent à la hâte un plein camion de divers vélos et s’évadent de l’entrepôt dans un grand tumulte. Plus loin, en forêt, ils rejoignent leurs compagnons restés en retrait et boutent le feu à leurs motos, avant de poursuivre leur périple. Le groupe passe alors devant une majestueuse et suspecte demeure, mais ils évitent le piège tendu par le tenancier du lupanar. Plus loin, ils affrontent un groupe de barbares armés et très violents. Georges n’y survivra pas… mais ils gagnent la partie. Ils proposent une amnistie totale aux trois ennemis survivants, à condition qu’ils viennent renforcer leur groupe. Un soir, ils découvrent qu’ils vont être coincés par un incendie de forêt géant. Dans l’urgence, ils fabriquent un radeau pour s’en échapper via un fleuve…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme dans le roman de René Barjavel (lui, en 4 parties), le troisième et dernier tome de son adaptation BD focalise essentiellement sur le retour à la barbarie dans l’ère post-électricité. Un groupe de survivants emmenés par un héros charismatique, l’expérimenté François, se lancent dans un road-trip vers le Sud de la France, en motos, puis à vélos, puis à pieds. Ils doivent combattre des groupes tout aussi barbares qu’eux, céder parfois à une ultra violence sans concession et sans sentiments, survivre à un incendie de forêt démesuré, traverser des territoires suffisamment arides pour donner une idée de l’enfer… Le tout dans le but de rejoindre un havre paisible et propice à reconstruire une civilisation. Le scénariste Jean-David Morvan se permet cependant une parenthèse qui n’a rien à voir avec le roman d’origine. Sur une île située sur un fleuve trop large pour être français, nos voyageurs de la post-apocalypse explorent un institut abandonné dédié au transhumanisme – un concept absent chez Barjavel. Ils accèdent alors à de mystérieux rapports scientifiques, des installations high-tech et même un surprenant cobaye humain encore en vie… et pour cause (évitons de trop divulgâcher). On comprend que cette séquence vient renforcer l’idée de science sans conscience, qui aboutit à la ruine de la civilisation humaine… mais elle tombe tout de même comme un cheveu sur la soupe et un peu gratuitement. Bref, comme le roman d’origine, cette adaptation désormais bouclée met en avant une idée de départ génialissime et visionnaire, puis se perd dans un trip désespéré qui erre sans tête et sans fin. Le dessin réaliste du philippin Rey Macutay demeure de haute volée, surtout pour les séquences et cases spectaculaires (cf. la couverture !)… quand bien même on ne reconnait pas vraiment les paysages français. Si le découpage se permet parfois une largeur excessive avec des cases ultra-panoramiques sur double pages, on regrette que ce soit si peu maîtrisé : quand les bulles sont dans la pliure, c’est illisible !