L'histoire :
Witolo Pilecki fait partie de l'armée secrète polonaise. Lors d'un rendez-vous secret dans Varsovie occupée en septembre 1940, il se fait remettre un passeport sous le nom de Tomasz Serafinskii. C'est cette fausse identité qui va lui permettre de réaliser un projet complètement fou : se faire interner délibérément dans le camp d'Auschwitz pour tenter d'y créer un noyau de résistance. Il ne sait pas vraiment ce qui l'y attend, mais sa détermination est totale, et bientôt il se retrouve au cœur d'une rafle, il se fait arrêter et débarque en train devant la porte d'Oswiecim, un nom que les allemands ont germanisé. Au dessus du portail, en lettre de fer : Arbeit macht frei. Très vite il réalise la gravité de la situation, les hommes et les femmes qu'on abat sans préavis dès l'arrivée. Le numéro attribué qui deviendra son identité, l'installation immédiate d'une terreur arbitraire qui peut s'abattre sur n'importe qui. Une routine quotidienne s'installe, déshumanisante, avec toujours la nécessité de se presser pour avoir un peu d'eau le matin, de la nourriture, le minimum vital est réduit pour tenir les prisonniers aux limites de leur résistance. Mais Witolo garde ses pensées concentrées sur la sortie du camp, et sur les informations qu'il veut à tout prix faire parvenir à la résistance. Il tisse un réseau parmi les prisonniers, et fait face à ceux qui tentent de rester vivants en servant les allemands.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouvel épisode de Rendez-vous avec X, on découvre l'histoire incroyable de ce militaire polonais qui décide de se faire emprisonner à Auschwitz pour tenter d'y générer un mouvement de résistance. Rétrospectivement, avec la connaissance historique que l'on a des conditions de détention dans ce camp de la mort, l'idée parait absolument incroyable. De ce point de vue, ce nouvel album atteint son but en révélant un épisode de la seconde guerre mondiale que la plupart des lecteurs ignoraient. Pour autant, la construction de ce récit reste très classique, très centrée sur la vie dans le camp. La rencontre entre le narrateur et le mystérieux Monsieur X n'a pas de réelle valeur ajoutée, ce qui est pourtant a priori le principe de ces albums adaptés de l'émission de radio du même nom. Quelques pages de plus en début et en fin d'album pour mettre en scène le personnage, mais aucun aller retour entre l'histoire et ses narrateurs dans le monde d'aujourd'hui. Le courage de Pilecki reste pourtant impressionnant, tout comme la plongée dans le quotidien terrifiant des prisonniers de ce début des années quarante. Olivier Martin maîtrise très bien l'atmosphère du récit, grâce à un travail des couleurs savamment retenu, des nuances délibérément limitées mais efficacement contrastées. Ce contrôle des ambiances contribue à une immersion efficace, complétée par des informations historiques factuelles qui rendent cette lecture doublement édifiante.
