L'histoire :
Paris, 1941. Le mystérieux pyromane qui s’en prend aux pellicules de films allemands ou produits par le Reich et l’assassin de Victoire courent toujours ! L’enquête du commissaire Engelbert Lange patine malgré tous ses efforts. Mais cette double affaire n’est pas facile à mener quand on est surveillé de près par la Gestapo et la hiérarchie aux ordres de l’occupant. Qui plus est, le policier voit resurgir ses vieux démons. Il est hanté par le fantôme de Madeleine, sa mère, une comédienne qui l’a abandonné dès son plus jeune âge pour tenter une carrière en Amérique. Cependant, l’enquête continue. Lorsque Lange interroge un projectionniste dans une cabine, il remarque un mégot de cigarette de marque allemande. Serait-ce un tournant ? Pour autant, les ennuis du commissaire sont loin d’être finis. En effet, un producteur lui fait du rentre-dedans pour qu’il joue dans son film et donne la réplique à la grande Edwige Feuillère, une actrice qui a déjà joué dans plus d’une quarantaine de longs métrages produits par les allemands...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Retour dans le Paris occupé des années 1940. Cette fois encore, le scénariste Laurent Galandon va mettre en avant l’enquête du commissaire Lange à la manière d’un film de Clouzot, tout en dévoilant en toile de fond le petit monde du cinéma (producteurs, acteurs...) durant la collaboration. Et mine de rien, cette façon d’appréhender cette époque noire par cette lorgnette permet de se faire une idée sur les tiraillements du milieu artistique de l’époque, partagé entre le refus de la collaboration et la volonté de placer l’art au-dessus de la politique. Mais loin de tomber dans une analyse historique pataude, l’auteur développe une intrigue à tiroirs au fil des rebondissements de l’enquête et nous en apprend plus sur la jeunesse difficile du commissaire. Ici encore, le monde du cinéma est au cœur de tout ! Pour la partie graphique, l’artiste Alicia Grande n’a pas changé son fusil d’épaule par rapport au premier tome de la série. Elle réalise des dessins aux traits fins et particulièrement peaufinés. Encore une fois, un soin a été apporté aux détails afin de coller au mieux aux années 1940 (les vêtements, les voitures, l’architecture, les coupes de cheveux...) et rester fidèle au caractère historique de l’œuvre. De plus, les couleurs chaleureuses de la coloriste Elvire de Cock permettent de donner énormément de relief à l’ensemble, notamment dans les scènes extérieures. En définitive, ce tome 2 clôt en beauté une enquête palpitante au cœur du Paris occupé et dévoile par là-même la face obscure du cinéma français tiraillé entre le nationalisme de l’époque et les sirènes de l’occupant.