L'histoire :
Lorsque la sœur d'Arthur Rimbaud, son exécutrice testamentaire, ouvre la lettre qui lui donne les instructions nécessaires, elle est surprise d'y trouver le nom de Djami Wadaï, qui fut un de ses domestiques en Afrique. Elle missionne alors Valentin Bracq, un de ses amis d'enfance, pour aller sur les terres d'Abyssinie retrouver les traces des années que le poète y a passées. Des années consacrées aux affaires, que Rimbaud employa également à explorer une partie peu connue encore du continent africain. Bracq rencontre rapidement Armand Savouré, avec qui son ami a passé beaucoup de temps, dans des activités pas toujours reluisantes, qui lui faisaient parfois croiser les autorités du pays. C'est en 1881 qu'il avait rencontré à Aden un homme qui avait senti le potentiel de développement de la future Ethiopie, où il ambitionnait de développer la culture du café. Rimbaud se porte volontaire pour se rendre à Harar, cité mystérieuse au milieu du désert, qu'il sera un des premiers européens à visiter. C'est le début d'années passées à tenter de faire fortune dans toutes sortes de négoces, tout en visitant des terres inconnues, dessinant des cartes, contribuant par son travail aux publications de la société de géographie à Paris...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Même si elle éclaire de manière intéressante les années au cours desquelles Arthur Rimbaud à séjourné en Éthiopie, cette biographie romancée ne parvient pas à provoquer un intérêt irrépressible pour cette époque de la vie du poète. En tout cas pour le grand public, qui ne connaît de l'écrivain que les vers magnifiques et précurseurs qu'il a écrits avant de se lancer dans les affaires. Philippe Thirault à choisi de donner vie à quelques événements sélectionnés, touchant rarement à la personnalité de Rimbaud, qui apparaît de manière un peu confuse comme un homme parfois aux prises avec d'étranges visions. Thomas Vergue et Céline Labriet illustrent ces péripéties avec un beau choix de couleurs, et quelques superbes paysages de villes africaines. Rimbaud y est incarné comme un homme élégant et fragile, le dessinateur évitant des traits trop réalistes. Sur le plan narratif, comme parfois lors de la réalisation d'une biographie, un angle de vue très direct et sans réel parti-pris polarise le lecteur sur les faits plutôt que les hommes. On a ainsi l'impression de ne pas mieux connaître le poète après ce récit, ou en tout cas de voir la part de mystère qui l'entoure très préservée. Et d'avoir besoin des pages didactiques en fin d'album pour mettre en perspective une lecture déjà terminée. Difficile exercice, donc, qui reste toutefois instructif et agréable. Et donne envie de savoir comment se situent, par rapport à cette tranche de vie, les plus beaux poèmes, et la fameuse relation avec Verlaine.