L'histoire :
Alexandre Guitry, dit Sacha Guitry, eut une vie trépidante. Né à Saint-Pétersbourg, il avait comme parrain le Tsar Alexandre III. Ce n’est pourtant pas dans ce pays du froid qu’il a grandi, mais il y est resté un petit moment avec son père. Lucien Guitry l’avait en effet enlevé à la garde de sa mère pour qu’il découvre sa mère patrie. En voyant son père sur scène, le jeune garçon découvre la passion du théâtre. Puis, il est contraint de revenir pour retrouver sa mère et son frère, et aller à l’école. Les études ne sont pourtant pas sa tasse de thé. Il est expulsé de onze lycées différents et redouble plusieurs fois sa 6éme... pour embrasser sa passion : le théâtre. A 18 ans, en 1904, une nouvelle vie s’offre à lui. Son père, qui dirige le théâtre de la Renaissance, lui fait faire ses premiers pas de comédien sous le pseudonyme de Lorcey dans L'Escalier de Maurice Donnay. C’est là qu’il fait la connaissance de la charmante Charlotte Lysès, jeune protégée de son père. De leur idylle va naître une brouille entre le fils et le père qui durera 13 ans. Pourtant, ils ont en commun cet amour des femmes. Sur scène où dans la vie, une femme doit partager leurs folies et surtout toujours rester belle et jeune. L’amour l’inspire. Sacha écrit des pièces pour ces femmes et souvent elles l’accompagnent sur scène. Le véritable succès débute avec Nono, au théâtre des Mathurins. Une bonne nouvelle qui mérite bien un mariage à Honfleur le 14 août 1907. Autour d’eux gravitent les artistes de l’époque comme Henri Bernstein, Feydeau, Meilhac…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est difficile de résumer la vie de Sacha Guitry en quelques lignes. Cet « homme à femmes » n’a jamais arrêté de créer et de jouer. Sans cesse, il a voulu surprendre le public et affirmer un style qui lui était propre. La BD de Noël Simsolo et de Paolo Martinello montre bien cet aspect. Leur biographie prévue en deux tomes est centrée sur ces deux thèmes : les femmes et le travail. Or pour lui, le travail était un plaisir, voire une addiction. Il vivait entre son imaginaire, ses amis et ses épouses, sur scène et dans la vie. Rappelons que Sacha Guitry a écrit 124 pièces et 36 films, dont 17 adaptés de ses pièces. Toutefois, on ne nous présente pas le style de l’auteur qui est assez semblable d’une pièce à l’autre. On évoque l’homme artiste mais pas tellement l’homme égocentrique, alors qu’il se mettait en scène dans presque toutes ses pièces et ses films. Le public se levait, applaudissait encore et encore, venait voir l’auteur en loge… Il appréciait cette flatterie artistique, même s’il n’appréciait guère les critiques qui n'étaient pas toujours tendres avec lui. Mais il passait outre, restait fier, sûr de sa culture… Son succès n’a pas été démenti pendant plus de 20 ans, ce qui n’est pas au goût de tout le monde. Le style graphique fait référence à une époque plus ancienne, où l’on retrouve les habits, les décors, les rues d’un autre temps. Toutefois, quelques imperfections dans le trait nuisent légèrement à la lecture. On ne note également que de trop rares citations et réflexions misogynes, qui ont permis à Guitry de s'inscrire dans la postérité. (ex : « Depuis que j'ai une maîtresse que j'aime, je n'ai plus envie de tromper ma femme. »). Ce premier tome permet de découvrir la première moitié de la vie de Sacha Guitry. Un homme à la vie remplie d’aventures et de bons mots. Cette biographie permet une plongée dans une époque partagée entre flamboyance et horreur.
