L'histoire :
1187, Les cornes de Hattin. Saladin vient de remporter une précieuse victoire sur les Francs. Cette bataille a été gagnée par l’unité du Bilad Al-Sham (La Syrie-La Palestine, de la Méditerranée à l’Euphrate aux contreforts de l’Anatolie). Tout l’Islam Sunnite considère Saladin comme leur chef. Le Jihad n’est pas encore totalement terminé. Maintenant, il faut libérer Jérusalem, la Ville Sainte, qu’il faudra assiéger sans merci. Saladin demande à Imad Al-Din de notifier tout cela dans ses écrits… Damas, 1148. Saladin est un jeune garçon. Son frère est mort dans son djihad pour défendre la capitale de l’actuelle Syrie. Saladin annonce à son père qu’il veut reprendre le flambeau au côté de Nur Al-Din. Alep, 1151-1152. Saladin et son oncle Shirkûh sont reçus par Nur Al-Din, l’émir d’Alep. Nur Al-Din souhaite unifier toute la Syrie. Pour parvenir à cette issue, Saladin veut lancer un Djihad : Damas doit tomber car la ville ne peut rester aux mains de l’Atabeg Mujir Al-Din Abaq qui s’est associé avec les francs du Roi Baudouin le Troisième. Ensuite, il veut unifier l’Islam sunnite en combattant deux adversaires : les Francs et les Chiites. Nur Al-Din est séduit par ce plan qui verrait un orient plus uni. Ce territoire serait enfin débarrassé d’un trop plein de principautés, d’émirs nombrilistes qui font passer leurs ambitions personnelles avant la défense de l’Islam...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Saladin »... Ce nom résonne dans nos têtes sans que l’on sache réellement qui il était. Pourtant, cet homme a une importance majeure dans l’Histoire : il a changé le monde arabe. Tout d’abord, il unifia les musulmans pour combattre l’assaillant chrétien parti en croisade pour libérer la Terre Sainte. Il a réussi à remettre la main sur Jérusalem conquise par les Francs. Loin d’être un despote sanguinaire, c’est un modèle de guerrier valeureux, magnanime et pieux. Par exemple, il n’hésitait pas à partager ses richesses avec le peuple ou négociait la reddition de Balian pour obtenir Jérusalem en épargnant les chrétiens et leurs familles. Sa notoriété nous est parvenue tant à travers les romans médiévaux occidentaux que dans les livres d’histoire d’Orient. Il avait une règle essentielle dans son art de la guerre : toujours négocier avant d’attaquer. Car cela porte bien souvent plus de fruits que l’on espère. Conseillé par Julien Loiseau, historien de l’Islam, le scénariste Mathieu Mariolle livre ici un scénario libéré de toutes complexités historiques pour s’attacher à l’essentiel : la dimension universelle de Saladin, l’homme qui négocia avec Richard Cœur de Lion. Il permit que Jérusalem reste sous suzeraineté islamique avec l’autorisation pour les Francs de s’y rendre en pèlerinage. Un beau message… Le dessin de Roberto « Dakar » Meli s’accommode parfaitement du personnage épique qu’était Saladin et de son époque. Les décors sont puissants et les batailles restituées avec brio. La double planche de la bataille de Montgisard vaut le détour, comme celle des cornes de Hattin. Dans un contexte actuel à l’actualité explosive, cette BD est pleine d’à propos…