L'histoire :
Tereza est fascinée par la perfection, qu'elle a toujours tenté d'atteindre. Quand elle était enfant, sa mère accrochait ses dessins d'enfant dans son bureau. Mais Tereza n'a jamais compris pourquoi celle-ci aimait tant ces illustrations aussi imparfaites... Petite, elle n'était pas une petite princesse, ce n'était jamais elle qui s'occupait de son apparence, mais sa maman ou des « spécialistes », notamment des coiffeurs. Cela finissait toujours en catastrophe. Tereza n'a pas confiance en elle. De fait, côté coupe de cheveux, elle choisit toujours la facilité, ne va jamais trop loin. De manière générale, elle n'arrive jamais à l'excellence et elle en a honte. Un jour, alors qu'elle est adulte et qu'elle part en voyage en Islande avec son compagnon, sa vie bascule. Elle le rejoint dans la tente et lui fait remarquer en rigolant qu'elle commence à perdre ses cheveux. Au départ celui-ci ne s'en inquiète pas plus que cela, mais elle se questionne : et s'ils continuent vraiment à tomber ? Que va-t-il se passer ? A quoi va-t-elle ressembler ? Lorsqu'elle revient de voyage, à son grand désespoir, la situation ne s'améliore pas. Elle perd de plus en plus de cheveux. Elle camoufle son crâne dégarni, elle redoute le moment où il faut faire des photos d'identité. Elle se rend à la clinique du cheveu. On lui diagnostique une alopécie. Elle veut tout tenter pour retrouver son ancienne apparence. Comment affronter son nouveau reflet dans le miroir et le regard des autres ? A-t-elle perdu sa féminité ? Tereza va devoir apprendre à vivre avec son nouveau compagnon de vie : la maladie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tereza Drahonovska parle de son histoire, de son parcours, de sa maladie, en bande dessinée. Elle est accompagnée par l'illustratrice tchèque Stépanka Jislova. Tereza est atteinte d'alopécie, une maladie auto-immune qui progressivement lui fait perdre ses cheveux, mais aussi ses sourcils, ses poils. Si certaines maladies peuvent être invisibles, celle-ci l'est aux yeux de Tereza, qui voit son physique changer complètement, mais aussi aux yeux des autres ! Dans une société où les diktats de beauté ont la vie dure, être une femme chauve est d'abord impossible à assumer. L'autrice raconte toutes les techniques qu'elle a pu employer pour camoufler son crâne sans cheveux. Et puis, petit à petit, au fur et à mesure de son parcours et de son évolution, elle accepte cette nouvelle apparence et l'assume. Le récit est touchant. On sent toute la détresse de l'autrice lorsqu'elle apprend sa maladie, toutes les questions qu'elle se pose. Elle en vient même à remettre en question son pouvoir de séduction, sa beauté, sa féminité. Son témoignage fait réfléchir sur les normes de beauté imposées par la société, et la dureté du regard des autres sur son propre physique. Le dessin en noir et blanc est colorisé de rose. La dominance de cette couleur vient parfois troubler la lecture. Le découpage dans son ensemble est plutôt classique, mais certaines planches chamboulent ponctuellement le sens de lecture, ce qui peut troubler le lecteur. Un sujet encore tabou...
