L'histoire :
Qu’arrive t-il à Stanislas depuis quelques temps ? Ce jeune pianiste prodige semble terriblement préoccupé. Mais pourquoi ? Sa jolie fiancée, Bertille, se sent délaissée et elle est bien décidée à résoudre ce mystère en lui filant le train. Persuadée de le surprendre dans les bras d’une concurrente, elle est stupéfaite lorsqu’elle retrouve le musicien dans une section du Père Lachaise en train de se recueillir sur la sépulture d’une inconnue… Le lendemain, le jeune homme qui a besoin des talents photographiques de Bertille, est sommé par cette dernière de fournir de plus amples explications : il y a quelques jours, une vieille femme l’a interpellé dans la rue en déclamant un poème avant de s’éteindre dans ses bras. Elle semblait le connaitre et lui a laissé pour seuls indices une bague et un cliché jauni. C’est justement cette image que Stanislas souhaite faire agrandir pour y déceler une quelconque information lui permettant de comprendre pourquoi cette femme l’a lui a confiée. Ce qu’il oublie cependant de dire à Bertille, c’est que le visage d’une des femmes prise en photo, l’attire avec insistance depuis qu’il y a posé son regard : un appel auquel, il ne peut résister… L’agrandissement lui ayant permis de découvrir le lieu où le cliché a été pris, il fait bientôt route vers l’Auvergne ne laissant pas à Bertille le temps de lui révéler l’incroyable découverte qu’elle a également faite sur cet agrandissement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il nous avait déjà fait le coup avec son compère Makyo dans La balade au bout du monde : Laurent Vicomte remet le couvert avec ce même talent, celui de promener son pinceau avec une incroyable finesse et un sens inné pour capter la lumière. Car si son dessin respire réalisme et classicisme bon teint, Laurent Vicomte possède un « on ne sait quoi » qui propulse son art un ton au dessus. Peut être la précision du trait, la multiplication des angles de prises de vues ou certainement cette capacité à transmettre l’émotion : le frisson du mystère à chaque planche, la sensualité du grain de peau… Et puis il y a incontestablement la qualité de mise en scène, qui sert admirablement le trait. On peut citer par exemple l’inventive utilisation du jeu des regards de Bertille, avec ou sans lunettes : une trouvaille ! Mais si la consanguinité avec cette ancienne Balade est graphiquement évidente, elle ne s’arrête pas là. On retrouve en effet dans Sasmira, ce même mystère, cette même inquiétante tension. Cet opus d’ouverture (la série était à l’origine prévue en 4 tomes) y participe d’ailleurs brillamment, l’auteur excelle dans l’art de poser les premières pierres d’une envoutante intrigue qui suscite moult questionnements. Le scénario est dense, et seule la quasi-certitude d’une orientation fantastique du récit sert de canne à notre cécité. Qui est cette vieille femme ? Qui est Sasmira ? Quels rôles s’apprêtent à jouer nos héros ? Resteront-ils bloqués dans le passé ? Bref, on comprendra aisément qu’avec cette salivante mise en bouche, l’absence d’un second volume depuis 1997 ( !), en a refroidi plus d’un. Mais c’est promis, l’éditeur annonce sa venue pour 2010 : chouette ! Nous, on n'attend que ça et on prend rendez-vous…