L'histoire :
Les agents du FBI Capelli et Horowitz poursuivent leur enquête sur le suicide suspect du trader Tom Barrow. Ils sont convaincus qu’on a aidé celui-ci à se tirer une balle dans le crane et que cela a un lien avec la faillite en cours de la banque Norman Brothers, pour laquelle il était un des plus brillants éléments. En fouillant dans les tiroirs de son bureau, ils trouvent la trace d’un contact récent de Barrow, un dénommé Ostrander, président des petits actionnaires. Barrow aurait-il cherché à prévenir ce dernier des malversations financières ? En effet, il est désormais de notoriété publique que la prestigieuse banque cherchait à se débarrasser d’une quantité colossale d’« actifs pourris »… En marge de ces investigations, le toxico William Riley donne un rendez-vous nocturne à deux mystérieux contacts, dans une zone industrielle désaffectée. Il se plaint d’avoir désormais les flics au cul : sa photo est à la Une de tous les médias, car il est la dernière personne à avoir été en contact avec Barrow. Ils lui disent de patienter et lui refilent une dose d’héroïne… coupée avec de la mort au rat. Il n’y survivra pas, mais son père saura le venger. A ce moment, vue la situation désastreuse de la banque Norman Brothers, le vieux PDG Franklin demande directement l’aide de l’état à Donald Pearson, secrétaire d’état au trésor américain. Celui-ci refuse tout net, non sans une certaine jubilation…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d’un redoutable thriller financier, largement inspiré de l’actualité récente concernant notre incurable crise mondiale. Parfaitement au fait des véritables procédés bancaires, le scénariste Philippe Richelle n’a guère besoin de recourir à une imagination débordante pour tisser l’implacable rouage ayant conduit au faux suicide d’un trader. Ici, la déchéance de la Norman Brothers s’inspire évidemment de celle, authentique, de Lehman Brothers et l’âme de Jérôme Kerviel habite nombre de protagonistes. Le talent du scénariste lui permet néanmoins de s’affranchir des archétypes narratifs, pour coller au plus près d’une affaire plausible et réaliste. Après moult Coulisses du pouvoir et 4 Secrets bancaires français en diptyques, sa méthode scénaristique est éprouvée et fonctionne de mieux en mieux. Les séquences s’alternent froidement, sans transition, et s’imbriquent tour à tour, de manière linéaire et mécanique, délivrant chacun les bribes de la trame qui se dévoile. C’est limpide, implacable, réaliste et par le truchement de quelques dialogues et apartés privés, on se prend même définitivement d’affection pour ce nouveau duo de flics. Enfin, le dessin expert du vétéran Dominique Hé met idéalement en scène cette intrigue dans un décor contemporain juste et détaillé, au sein d’un découpage serré. Voilà un diptyque rondement bouclé, aussi efficace et précis qu’un coucou suisse.