L'histoire :
Deux vieilles bourgeoises emperlousées papotent sur un coin de trottoir, tenant chacune leur chien en laisse. Or, l’extrémité de la laisse tenue par la plus sèche disparait étrangement dans la gueule ensanglantée du molosse de la plus grosse…
Un colporteur de la SPA pénètre par un portillon dans le jardinet d’une dame propriétaire d’une famille de chiens minuscules. Celle-ci est horrifiée car, malgré le panneau « Prenez garde aux chiens », le visiteur vient littéralement d’en écrabouiller un sous le talon de sa chaussure. Et il ne l’a pas loupé…
Un bambin braille dans les bras de sa mère parce qu’il a perdu sa souris mécanique, celle qu’on remonte à l’aide d’une clé sur le dos. Au même moment, le chat de la famille pousse sa crotte dans sa litière. Il comprend bouleversé que ce qui sort de son arrière-train est justement la clé du jouet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nos amis les bêtes constituent la thématique de cette troisième réédition par Glénat du travail de Claude Serre, feu illustrateur humoristique génial et non moins cynique. Précédemment avec La médecine et Le sport , ici autour du Bestiaire, Serre allie toujours intimement la cruauté crasse à l’absurde le plus fin. Les deux premiers tiers du fascicule sont consacrés aux animaux domestiques (Zoo au logis) : chats, teckels, poissons rouge, canaris déprimés, éléphants roses et puces savantes… Le dernier tiers recueille quant à lui ses meilleurs dessins autour du thème de la chasse, thématique bénie pour l’humour féroce de l’auteur. Tant a déjà été dit sur l’inégalable travail de Serre, qu’il est inutile de convaincre les initiés. Pour les néophytes, Serre est l’humour noir ce que le Saint Emilion est au vin : un pur nectar. La plupart du temps en noir et blanc, juste rehaussé de touches de rouge sang, en fonction des besoins, son dessin semi-réaliste ultra-chiadé, à petits coups de crayon fin, se met au service d’une situation fendarde muette, cruelle ou nonsensique, en général jouissivement corrosive. A noter que ce volume est préfacé par un autre géant de l’humour absurde : Raymond Devos…