L'histoire :
A 80 millions d’années-lumière de la Terre, un astronef approche de la planète Siberia, la 56ème de la pré-colonisation humaine, située dans la grande nébuleuse d’Astronoo. Cinq membres d’équipage sont automatiquement réveillés de leurs sarcophages de cryogénisation. Après avoir vomi et s’être restaurés, ils sont rapidement mis à l’œuvre par une alarme : quatre moteurs à boucle plasmique sont en panne sur les cinq, au moment crucial de l’approche à la surface de cette planète glacée. L’équipage s’affaire donc à gérer un atterrissage en catastrophe. Au moment du choc, l’un des cinq est arraché de son carcan de sécurité. Indemnes, les quatre survivants évaluent au scanner ses chances de survie : 0,2%. Ils l’euthanasient. Un tour technique de la navette leur permet ensuite d’évaluer les dégâts et leur situation critique. Le snowcat est broyé, les systèmes de communication sont HS et la base humaine qu’ils doivent rejoindre se trouve à 250 km de là. Ils vont devoir y aller à pied, équipés de scaphandres high-tech et autonomes, à travers la neige et les roches, par une température de -49° C. Sachant aussi que sur les 15 espèces animales répertoriées sur Siberia, six sont prédatrices… Ils espèrent pouvoir faire 15 km par jour, afin de rallier la base des colons en 16 jours. Ils espèrent surtout que la portée de leurs radios internes leur permettra, en s’approchant, de réclamer des secours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est basique, mais c’est toujours efficace : cinq explorateurs spatiaux se crashent sur une planète ultra-hostile et ils vont passer tout ce premier tome à morfler en essayant de rallier leur base humaine. Au final, à votre avis, combien s’en sortent indemnes ? Il vous faudra lire ce tome d’exposition pour le découvrir – sur deux prévus. D’une part, Alexis Sentenac semble être le dessinateur de la situation. Sa mise en scène de cet amateur de SF fait une grande place aux paysages fabuleux et frissonnant de cette planète hostile. Et ses créatures dentues et visqueuses (cf. la couverture) terminent d’accorder la dimension spectaculaire qu’il fallait, sans en faire de trop. D’autre part, Christophe Bec force à peine son talent pour orchestrer le scénario de ce diptyque de science-fiction. La traque exercée par des créatures exomorphes titanesques, sur notre héroïque groupe d’humains (qui s’effrite), impose le même type d’oppression que dans Sanctuaire. La découverte progressive des espèces bizarroïdes tend pourtant plutôt vers les Mondes d’Aldébarran, avec le contexte ultra-glacial du Transperceneige par exemple. Quelques dialogues de série B complètent le tableau, pour pleinement satisfaire au genre (« Dis-toi qu’au bout des 250 km, il y a une belle blonde qui t’attend, avec des seins comme des obus »). Bref, il n’y a rien de bien original, les auteurs se contentent de mettre en place des ficelles éculées… mais assumées et maîtrisées. Les amateurs auraient donc tort de bouder cette série naissante, car elle se laisse déguster comme une sucrerie, dans une tambouille BD où la SF est actuellement réduite à la portion congrue.