L'histoire :
Pour son programme de colonisation galactique, l'humanité s'intéresse particulièrement à la planète glacée Siberia 56. Malgré ses prédateurs monstrueux et ses températures parfois proches du zéro absolu, Siberia dispose en effet d'une atmosphère respirable et ne nécessite donc pas de fastidieuse terraformation pour être habitable. Le STC (Second Terra Consortium) y a donc établi une base, de laquelle sont parties différentes équipes d'exploration. Dernièrement, l'une d'elle a été quasi entièrement décimée, mais en contrepartie, le survivant Ned Wilcox a réussi à tuer seul un Morbius, une sorte de ver géant invisible, tentaculaire et très rapide. Ce succès encourage le STC à poursuivre la colonisation. Au sein de la base, Ned hérite alors de la direction d'une nouvelle mission. Car une pyramide de quartz gigantesque (230m de haut !) a été identifiée près du pôle et serait la preuve d'une précédente civilisation extraterrestre. Ned et sa compagne Tasha préparent dès lors minutieusement leur expédition. Vues les conditions météo, il n'est pas évident d'aller sur place avec une foreuse capable de percer une parois de 5 mètres de quartz. Cela semble d'autant plus compliqué qu'une puissante tempête magnétique approche...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cours des deux premiers tomes, les expéditions d'explorations catastrophiques par les colons humains sur la planète de glace Siberia 56 offraient un divertissement futuriste sans prétention, certes de série B, mais pas désagréable. L'abomination du bestiaire représentait dans ce sens un atout frissonnant non négligeable. Avec ce troisième et dernier volet, en marge d'une éventuelle civilisation extraterrestre à découvrir, le scénariste Christophe Bec apporte une nouvelle piste d'intrigue intéressante, mais trop peu exploitée : la réaction de défense de la planète elle-même, à l'échelle du cosmos, comme un mécanisme tellurique auto-immune. Bec est sans doute nourri de nombreuses influences de science-fiction, autant littéraires que cinéphiles ; on pense à Dune, Hyperion, The thing, La compagnie des glaces ; mais on ne pense sans doute pas à tout. Une nouvelle fois, l'aventure se laisse suivre avec plaisir, mais ne transcende pas le genre. Il est surtout dommage que les bonnes idées du début soient abandonnées au profit d'un développement final convenu, qui oublie en outre de nous apporter toutes les réponses. Cela dit, ce canevas offre au dessinateur Alexis Sentenac la possibilité de livrer des paysages rocheux, glaciaires, dantesques et cosmiques magnifiques (surtout les doubles pages panoramiques). Pour les personnages en tout petit, c'est déjà plus laborieux... car au niveau du découpage, de nombreuses cases étriquées manquent de lisibilité. Les amateurs de SF apprécieront tout de même le dépaysement angoissant, bien emmitouflés dans un plaid bien chaud.