L'histoire :
Avril 1917. La 1ère guerre mondiale fait rage, interminable. Les mutineries dans l'armée sont réprimées violemment par le gouvernement français. Silas Corey, un détective démobilisé, est convoqué par celui que tout le monde surnomme « le tigre », Georges Clemenceau. Celui-ci lui confie une mission : trouver un des reporters de sa tribune L'homme enchaîné, le dénommé Casella. Ce dernier enquêtait sur Célestine Zarkoff, à la tête d'un empire commercial dédié à l'armement, soupçonnée de servir d'intermédiaire entre le président du conseil Joseph Caillaux et le gouvernement allemand. Le journaliste a disparu alors qu'il venait de mettre la main sur la preuve impliquant tout ce beau monde. Suite à cet entretien, et à la promesse d'une belle rétribution, Silas s'arrange pour se faire embaucher par le colonel Ledoux, à la tête du deuxième bureau au Ministère de la Guerre, pour retrouver le même Hector Casella, mais pour le compte de l'armée, cette fois. C'est alors que Mme Zarkoff entre en contact avec lui. Elle lui propose de travailler pour elle, pour retrouver le même homme et lui offre un troisième salaire pour la même enquête, mais pour son compte à elle, cette fois. La traque peut commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fabien Nury propose ici une histoire bien ficelée, comme à son habitude, avec une toile de fond historique véridique : la première guerre mondiale. C'est l'occasion d'une piqûre de rappel sur ce que fut la Grande Guerre et ses mutineries, tristement célèbres par les répressions dont elles furent l'objet. On ne peut s’empêcher d'être étonné de découvrir qu'à l'époque, déjà, on pratiquait l'écoute téléphonique (ce qui est un fait véridique), bien que d'une manière un peu plus rudimentaire qu'aujourd'hui, à l'ère d'Internet. Le scénariste réussit parfaitement à nous accrocher dans cette histoire qui pourrait pourtant être un peu compliquée à suivre, Silas devant mener de front la même enquête pour 3 commanditaires animés d'intentions opposées. Et c'est bien là le talent de conteur de Nury. Parfois, les ressorts du scénario sont un peu faciles, comme la découverte par le détective d'espions dans la cave de la société d'édition de Clémenceau au début de l'histoire. Mais les personnages ne sont pas manichéens et gardent un certain mystère, qui ne manquera pas d'être dissipé plus tard. Quel est le lien entre Silas et son homme de main diablement efficace, Nam ? Quel est le passé commun entre Corey et la jolie Marthe ? Au dessin, Pierre Alary fait des merveilles, magnifiquement colorisées par Bruno Garcia. Ils nous plongent sans peine dans le charme surannée de la France du début du XIXème siècle, Une belle réussite !