L'histoire :
Alors que Christian prépare un plateau avec des petits gâteaux et du thé pour sa mère, le journal télévisé annonce l’arrivée de vaisseaux spatiaux sur l’esplanade du Trocadéro. Cette rencontre tant attendue entre deux civilisations est fêtée en grandes pompes par les autorités. Christian, de caractère ombrageux, se moque totalement de cet événement historique. Pour lui, c’est une vaste connerie. Après avoir couché sa mère, il se rend dans un bar pour y boire un dernier verre : les soucoupes sont nombreuses dans le ciel. Arrivé au bistrot, s’entame une discussion avec un autre client accoudé au comptoir. Christian est agacé par toute cette agitation autour du débarquement des extraterrestres et de leurs soucoupes volantes. Il en est persuadé, la venue de ces « abrutis en scaphandres » ne va rien apporter à l’humanité. Le lendemain, dans sa boutique de vinyles, un étrange client fait irruption et lui demande un disque de musique terrienne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les deux amis bretons, Obion et Arnaud Le Gouëfflec, qui avaient réalisé Vilebrequin, renouvellent leur collaboration pour un projet de longue date. Leur héros Christian est un misanthrope râleur, solitaire au jugement parfois hâtif et au physique rondouillet peu avantageux. Sa vie semble bien monotone : entre une mère vieillissante, une épouse avec qui il ne partage presque plus rien, une maîtresse qui le presse pour divorcer et une tante accro à l’opium, un peu délurée. Bien qu’il soit indifférent à l’arrivée des extraterrestres, cette rencontre du troisième type va progressivement bouleverser son quotidien : Christian va initier ce touriste peu banal à l’art, tandis que son hôte va lui faire profiter d’appareils technologiques originaux. Cette histoire poétique est née d’un jeu graphique autour du thème du cercle, que les auteurs ont voulu mettre en scène : les rappels sont réguliers (macarons, tétons, piste de cirque, lunettes, etc.) et amusants. Au-delà de cet exercice de style, l’histoire de cet antihéros qui se lasse rapidement de tout, est un poil philosophique, pleine d’émotions. Jusqu’à en rendre Christian attachant et sympathique, quand il fait découvrir la musique, la peinture ou encore les films X à son nouvel ami. L’univers dans lequel cette fable se déroule est décalé, difficile à dater. Seules quelques références architecturales vous indiqueront que vous êtes à « Brest même » ! Au niveau du dessin, cet album réalisé exclusivement à la tablette graphique est une petite merveille : on évolue dans une ambiance un peu rétro (même l’extraterrestre semble sorti d’un film des années 50), les couleurs y sont éclatantes mais maîtrisées, le trait tout en rondeur d’Obion est particulièrement plaisant. Cette BD n’est pas un ovni, mais elle vous fera passer un très bon moment.