L'histoire :
En janvier 1889, le Great Eastern, un gigantesque paquebot, est échoué à proximité de Liverpool afin d’y être démantelé. Trois gardiens de nuit surveillant le chantier de démolition surprennent alors un étrange individu, seul à son bord, dans une des cales. Il les menace de son arme et s‘enfuit. Quelques jours plus tard, des ouvriers découvrent un cadavre roulé dans un tapis, coincé sur une poutrelle entre les deux cloisons de la double coque. L’inspecteur Pilaster fait conduire le corps auprès d’un légiste, qui découvre un gentleman parfaitement momifié depuis environ 20 ans. Un trou sur la tempe ne laisse aucun doute sur l’origine de la mort : suicide ou assassinat. Une photographie est également retrouvée dans sa poche, sur laquelle le macchabée pose en compagnie de Sir Cavanagh, aujourd’hui l’un des plus hauts gradés de l’amirauté britannique. Au vu de ces premiers éléments, Pilaster comprend qu’il marche sur des œufs. L’enquête est confiée à la « Special Branch », la police secrète et scientifique de la reine Victoria, et plus précisément à deux jeunes enquêteurs frère et sœur, Robin et Charlotte Molton. Pendant ce temps, l’un des trois gardiens de nuit disparait étrangement, et un second est retrouvé égorgé dans une ruelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son premier scénario au sein du catalogue Glénat, Roger Seiter a mitonné un p’tit polar victorien qui va pleinement contenter les amateurs du registre. Il évolue ici un peu dans la même veine que son excellent Fog, bien que l’ambiance visuelle soit plus légère sur Special Branch, grâce au trait semi-réaliste de Hamo (de son vrai nom Pierre-Yves Berhin). Le dessinateur ne change lui non plus guère de registre, lui qui a livré le diptyque Noirhomme dont l’intrigue se déroule à la même époque. L’attachant duo de héros qui mène les investigations pour le compte de la reine Victoria herself, est ici précurseur des Experts ou de Cold case (les séries TV). Ou inversement héritier du mythique Sherlock Holmes, dans le sens où ils font une approche méticuleuse et exhaustive de tous les éléments qui composent une affaire, pour en retracer précisément les circonstances. Pour commencer, un cadavre momifié dans un steamer les conduit à suspecter un dignitaire de l’amirauté britannique… qu’on ne voit jamais dans cette mise en bouche ! Le recueil d’indices et l’établissement de faits, pour reconstituer lentement, mais sûrement, un puzzle d’évènements vieux de 20 ans (a priori ?), façonnent un lent et jouissif préliminaire à la confrontation qui interviendra certainement au tome 2. Sur ce point, Seiter n’a rien laissé au hasard et il étaye régulièrement son intrigue de révélations substantielles. Nous voilà diablement appâtés…