L'histoire :
Santa Maria Del Sol a 17 ans. Cette jeune fille espiègle est toujours prête à rendre service. Elle a deux frères, deux petits trafiquants d’alcool qui aiment passer du bon temps au sein de la maison de plaisir « Make love to me baby ». Mais un jour, les deux compères contractent une maladie sexuellement transmissible et passent tous deux l’arme à gauche. Folle de rage, la petite sœur entre dans une quête vengeresse envers la tenancière de l’établissement, Madame Lala. Inquiet pour elle, le meilleur ami de Santa Maria va tenter de tuer la patronne de la maison close mais il disparaît mystérieusement. Alors que la rage bouillonne, la jeune héroïne va alors à son tour intégrer la maison, en tant que femme de chambre et découvrir que Madame Lala n’est en rien responsable de la mort de ses frères. C’est la méconnaissance profonde du plaisir charnel et de ses dangers qui est le réel danger au sein du « Make love to me baby ». Santa Maria va alors y remédier en raliant les travailleuses du sexe à sa cause.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Storyville, Lauriane Chapeau et Loïc Verdier proposent une histoire orientée féminisme et sexualité, teintée de mystère, avec un fond de polar. La première partie (mentionnée ci-dessus) est très réussie. Malheureusement, elle est entachée par une enquête et une recherche pas réellement utile, faisant traîner le récit en longueur. Toute la partie sur la découverte et l’apprentissage d’une sexualité dissimulée est effectivement bienvenue. L’arrivée d’une jeune fille vierge de toute connaissance dans le milieu de la prostitution et du plaisir charnel permet une bonne identification, mais également une belle découverte du principe d’école du plaisir. La pédagogie et la dimension historique du récit contribuent à faire la lumière sur l’obscurantisme entourant le sexe à l’époque. C’est alors qu’on se demande : que vient faire cette histoire de disparition et d’enquête au milieu ? Elle n’apporte rien au développement des personnages, elle est également en opposition avec la quête de l’héroïne qui abandonne son objectif principal (« je cherche mon ami disparu qui voulait m’aider à me venger de la patronne du bordel, mais en fait je vais devenir amie avec elle »). En résumé, la partie pédagogique et ludique sur le sexe est bienvenue et bien réalisée, mais entachée par le caractère policier pas forcément utile au développement de l’histoire. Sur le plan graphique, Loïc Verdier possède une belle patte, pouvant rappeler Zanzim ou Johann Louis. Tout en trait fin et en couleurs vives, l’ensemble donne une impression de caricature grossissant les traits et attributs des personnages. L’ambiance propre aux années 1910-20 est également respectée, avec des tenues et un environnement qui flattent la rétine. Storyville possède donc un bon fond avec un beau message sur le plaisir féminin et son apprentissage, mais se retrouve plombé par une pseudo-enquête qui alourdit le rythme et provoque des pauses dans l’aventure de l’héroïne.