L'histoire :
Tamara Lempicka dîne avec des amis. Ceux-ci lui demandent si elle a repéré le mâle idéal. Mais aucun ne trouve un intérêt à ses yeux et surtout pas l’homme qui l’invite à danser. Pas assez italien pour elle. Elle préfère danser (la fameuse danse de Tamara !) avec une jeune femme qu’elle juge plus séduisante, plus conforme à son goût. Prince Yusupov vient à sa rencontre et lui présente ses amis : La duchesse de La Salle, Jean Cocteau, Gide, Colette. Ils sont heureux de mettre un visage sur cette jeune peintre, élève d’André Lhote, qui est promise à un bel avenir. Elle leur raconte la vision de son art : elle aime réaliser des nus féminins en allant au-delà de la simple image. Elle peint les gens comme ils sont, mais surtout comme ils sont à l’intérieur. Elle utilise son intuition pour capturer leur vraie personnalité. Madame de La Salle est subjuguée par cette jeune femme et l’invite à réaliser son portrait. Tout ce joli monde se donne rendez-vous vendredi chez Nathalie Barney, qui tient le meilleur salon saphique de Paris. Mais avant, elle doit rentrer chez elle où l’attend sa fille Kizette et son mari Tadeusz.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection Les Grands Peintres se poursuit avec une nouvelle couverture. Fini le bandeau du haut (que certains ne pouvaient plus voir en peinture), cloisonnant l’entrée en matière ; place à la liberté graphique. Débutée avec l’album consacré à Edouard Manet et prolongée avec le sublime Gustav Klimt, cette évolution semble salutaire, ouvrant les perspectives. La couverture de Tamara Lempicka est une vraie réussite avec ses couleurs et sa typo art déco, montrant au passage que cet élément est la vitrine d’une BD, la porte d’entrée essentielle pour se plonger dans une histoire. En s’attaquant à cette femme libre et singulière, Virginie Greiner et Daphné Collignon n’ont pas choisi la facilité. Virginie Greiner dépeint dans les règles de l’art le portrait d’une femme en mode Docteur Jekyll et Mister Hyde, mère de famille le jour, et femme vivant pleinement sa vie, la nuit. Son récit teinté d’expressions détournées (le jeu en valait-il le modèle ?) et de références (Greta Garbo) possède une vraie vie intérieure, à l’image de la quête de l’artiste cherchant le modèle absolu. Le choix de Daphné Collignon au dessin s’avère judicieux, tant elle capture la personnalité de Lempicka, agrémentant ses cases d’esquisses et de tableaux. Elle parvient, avec son trait délicat et ses couleurs tout en nuances, à exprimer tant d’émotions par le regard profond de Tamara de Lempicka, signant au passage son meilleur album. À la fin, comme le veut la coutume, un cahier retrace les moments clés de l’artiste.