L'histoire :
En février 1915, au milieu du blizzard de neige qui s’abat sur la péninsule canadienne de Gaspésie, une curieuse ombre plane au-dessus d’une base militaire et scientifique. C’est Tanâtos, l’infâme criminel anarchiste européen, qui a des vues sur Appolyon-7, une invention atomique révolutionnaire. Avec cette arme infernale et dissuasive, les alliés comptent mettre un terme définitif à la guerre en Europe. Ils attendent impatiemment l’arrivée du professeur Velmann, récemment exfiltré d’Allemagne par les français, pour qu’il apporte l’ultime touche à l’arme. Soudain, l’alerte sonne : Tanatos a été repéré. Les scientifiques accourent au labo, découvrent des soldats tués et arrivent trop tard pour coincer le criminel : Tanatos s’est envolé, agressant au passage le professeur Manklow, mais laissant l’arme sur place. Au même moment à Paris, Louis Victor, de l’agence de détective Fiat Lux, s’apprête à assumer son ordre d’incorporation. Mais un contre-ordre du ministère de la guerre lui permet d’échapper au front, pour assurer la protection rapprochée d’Appolyon-7. En effet, avant d’être fignolée par Velmann, l’arme doit traverser l’Atlantique, dans le plus grand secret, à bord du Lusitania, un gigantesque paquebot de la marine civile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’enjeu de la troisième aventure indépendante de Tanatos, se noud autour de la possession d’une arme absolue, au début de la première guerre mondiale. D’un côté le détective Louis Victor ragé du côté des alliés ; de l’autre le génie du mal masqué Tanatos, qui œuvre pour décupler le conflit mondial. Jamais il n’est expliqué précisément les ressorts de l’arme en question, baptisée « Appolyon-7 », mais le caractère nucléaire de l’invention en fait une bombe atomique avant l’heure. Rappelons que la véritable première bombe atomique permit en 1945 de mettre un terme à la guerre mondiale… et c’est exactement ce qu’espèrent ici les alliés, avec 30 ans d’avance. Jonché d’anachronismes jubilatoires, le décorum steampunk et grand-guignolesque de la série est toujours aussi plaisant, mis en relief par les encrages réalistes élégants et soignés de Jean-Yves Delitte. Le transport de l’Appolyon-7 se fait via le paquebot Lusitania, ce qui permet en outre à Delitte de faire évoluer son dessin dans le registre maritime qui lui est cher (Le Belem, Neptune…) et au scénariste Didier Convard de rattacher l’intrigue à un fait de guerre bien réel. En effet, le torpillage de ce célèbre transatlantique britannique, par un sous-marin allemand en 1915 au large de l’Irlande, contribua grandement à l’entrée en guerre des USA…