L'histoire :
Jacques Tatischeff est un jeune garçon qui a des difficultés à se concentrer sur les matières académiques. Ce qu’il aime, c’est observer. Il ne remerciera jamais assez ses professeurs de l’avoir mis au coin et de lui avoir ainsi offert un autre point de vue. Tantôt sur les chaussettes dépareillées de son professeur, tantôt sur un camarade maladroit qui se retrouve avec de l’encre autour des yeux. Toute sa jeunesse, Jacques l’a passé dans l’observation et la pratique du mime. Il aime faire rire lors des réunions de famille ; il surprend son monde en imitant un match de football vu depuis le gardien de but ainsi que d’autres sports. Son personnage est créé. Car un artiste de music-hall possède un seul numéro, qu’il perfectionne tout au long de sa carrière. Jacques devient apprenti dans l’entreprise d’encadrement de son père. Les troisièmes mi-temps au club de rugby du Racing Club de France va lui permettre de pratiquer son art du mime en faisant rire ses camarades. Il va pouvoir profiter d'un coup de pouce du capitaine de l’équipe, Alfred Sauvy. Ce dernier, collaborateur de Tristan Bernard, contribue à lancer sa carrière...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album conséquent retrace la vie de l’artiste Jacques Tatischeff, dit Tati. Peu connu des dernières générations (hormis des cinéphiles aguerris), le nom de Tati évoque bien évidemment l’art cinématographique français, plusieurs chefs-d’œuvre et un personnage, Monsieur Hulot. Le film de 1953, Les vacances de Monsieur Hulot est un véritable succès à sa sortie en France et à l’étranger, propulsant Jacques Tati sur le devant de la scène du cinéma français. Son personnage devient lui aussi un symbole de l’humour et de l’esprit français. Jacques Tati a un œil différent, il observe le quotidien et le partage sur le grand écran. Cet homme visionnaire va se retrouver parfois en décalage avec les spectateurs. Certaines productions, considérées cultes aujourd’hui, n’ont pas été bien accueillies par la critique de l’époque. Par exemple, à la sortie du long métrage Playtime en 1967, le film était jugé difficile d’accès, en grande partie en raison du manque de narration. Il faut le rappeler, le travail de Jacques Tati se base sur l’observation et l’interprétation. Arnaud Le Gouefflec réussit à raconter la vie de Tati de façon plaisante, en utilisant plusieurs outils scénaristiques comme l’analepse afin de rythmer le récit. L’environnement graphique est réalisé par Olivier Supiot. Le dessinateur utilise un trait semi-réaliste et met l’arrière-plan entre parenthèses pour se concentrer sur les visages et les corps, parvenant à retranscrire de manière subtile les émotions et les mouvements de ses personnages. Le dessin est dynamique, grâce à l’utilisation de cadrages variés, de compositions originales et de jeux d’ombre et de lumière qui créent une impression de profondeur et de mouvement. Ce one-shot met ainsi un coup de projecteur sur le talent de Jacques Tati, cinéaste de l’observation du quotidien et monument du cinéma français.
