L'histoire :
Kansas, 1844. Tapis dans les fourrés, un frère et une sœur assistent à l’écartèlement de leur père, entre deux chevaux tirés par un groupe de bandits qui cherchent à le faire parler. La petite sœur tente d’intervenir, flingue à la main. Le chef des bandits l’abat à bout portant. Les bandits repèrent le petit frère et tentent de l’abattre à son tour… mais le gamin trouve refuge dans le terrier d’un coyote. Et c’est le coyote qui est abattu à sa place. Dix ans plus tard, le gamin a grandi. Il a été recueilli et éduqué par une tribu de comanches. Il est devenu Nacoma, qui obéit à leurs mœurs, à leurs croyances, à leurs guerres. Mais ce jour, il a une vision qui le trouble, au moment de tuer un coyote. L’animal le regarde et le hante durant plusieurs jours. C’est un signe. Le signe qu’il doit accomplir sa vengeance et devenir pleinement un guerrier. Il doit retrouver l’assassin de son père et de sa sœur. Une nuit, il quitte donc la tribu et se met sur le sentier de sa guerre. Plusieurs jours durant, il traverse les grandes plaines. Jusqu’au jour où il trouve un cowboy mal en point, sans doute victime d’un règlement de compte. Plutôt que de le laisser aux vautours, qui patientent à quelques mètres, il le charge sur son cheval. Il l’amène au Dr Cooper, à Kansas City, une vieille connaissance de feu son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le blanc qui s’est fondu dans les rites et les mœurs de la nation indienne est une thématique classique du western. Au cinéma, on pense bien entendu à Danse avec les loups ; en BD, à l’œuvre de Serpieri. La présente histoire n’est cependant pas l’œuvre d’un auteur rompu aux westerns, mais d’un romancier, évoluant d’ordinaire dans le milieu du polar, Jérémie Guez, qui scénarise donc ici sa première bande dessinée. L’ouvrage se découpe en chapitres de tailles égales, à la manière d’un recueil de fascicules comics… et pour cause : bien que français, le dessinateur Roland Boschi a jusqu’alors surtout œuvré pour l’industrie américaine des comics (Ghostrider, Punisher, Wolverine, X-Men). Il est d’ailleurs tout à fait possible que les éditions Glénat destinent RedClay Chronicles au marché d’outre atlantique, eu égard à son contexte historique et à sa localisation. Nous suivons donc ici la quête de vengeance d’un jeune guerrier comanche mais « blanc ». Des blancs, il a hérité la couleur de peau, la chevelure blonde, l’approche civile ; des comanches, il a appris la sauvagerie opiniâtre et froide. Il traverse ce (premier ?) volume en compagnie d’un compère d’armes imprévu, au côté duquel il affronte les obstacles et les rencontres. Ils forment dès lors un duo attachant, en raison de leur capacité à surmonter les évènements sans faire de sentiment. L’excellent rythme séquentiel se met au diapason, c’est-à-dire en s’appuyant sur une narration visuelle forte, pondérée en dialogues et narratifs inutiles. Un second opus est en phase d’élaboration, tant mieux !