L'histoire :
La chasseuse Eva Samas a réussi à s’extraire de la geôle putride dans laquelle elle était enfermée au sein des débris d’une station orbitale de la planète Thellus. Elle vient de rencontrer Eshtar, le légendaire prophète, qui la recherchait, elle, précisément. Elle est dubitative… car les explications qu’il lui donne sont abassourdissantes : Eshtar lui révèle qu’elle est la fille du frère de Barsal, le grand dictateur qui fait régner la terreur sur la planète. Et que sa mère était une femme-serpent. Et que le pendentif qu’elle porte est une clé, une clé de « l’énergite ». Il lui raconte l’origine même de son peuple et de cette curieuse prison, qui pourrit sur cette terre aride, avec un lac acide au milieu, depuis 1000 ans. Eva est à la fois désarçonnée et énervée par ces révélations, qui remettent en cause tout son combat, tout ce en quoi elle croyait jusqu’à présent. C’est alors que sorte de l’ombre le vieux Yurkan et l’aventurier Govin, qui ont tout écouté et prennent eux aussi conscience du basculement proche de leur monde. Le dragounet Figue-Sèche égorge Yurkan avant qu’il ne s’en prenne à Eshtar. Et tandis que Govin réagit, Eshtar révèle encore qu’Eva est la seule porteuse de l’ADN capable d’activer le Mih-Dar, une arme extrêmement puissante contenue par le vaisseau dans lequel ils se trouvent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le moins qu’on puisse dire, à la lecture de cette saga de science-fiction mâtinée d’heroïc-fantasy, c’est que la scénariste italienne Simona Mogavino a de l’imagination. Thellus – c’est le nom de la planète – continue son développement sur deux cycles parallèles : celui de Kad Moon se déroule dans les luxuriantes forêts du continent de Tuge ; celui que nous suivons présentement, celui d’Eva Samas se déroule du côté des terres minières et arides de Kitum. Le premier tome de cet arc nous immergeait dans une prison putride, les ruines d’une station orbitale, pour nous perdre dans des enjeux légèrement embrouillés, qui mélangent beaucoup, beaucoup (trop ?) de dimensions : à mesure qu’elle apprend sa propre nature, Eva Samas apprend qu’elle a des répercussions politiques, familiales, religieuses, métaboliques, fantastiques, sociétales… et les protagonistes ont l’air à peu près aussi paumés que les lecteurs. Ce décorum technologico-dragonesque-tellurique dévoile des geôliers orcs, des femmes-serpents, un tyran porteur d’une armure darkvadorienne, des rituels shamaniques folklos, des vaisseaux spatiaux, des serpents géants… Nous sommes au cœur d’une révolution labyrinthique, qui part dans tous les sens et qu’on a bien du mal à suivre. Entre explications bavardes alambiquées et scènes d’action subites, tout cela manque cruellement d’équilibre narratif. Cette saga de SF est cependant dessinée avec beaucoup de talent réaliste et de détails techno-fantasystes par l’argentin Carlos Gomez, très fort pour les ambiances sombres, les créatures à peaux écailleuses, les tenues d’apparat inspirées de culture aztèque et les grottes de rituels. Un 5ème tome commun et final devrait permettre de mettre les deux cycles en cohérence.
