L'histoire :
Plus qu’une révolte, c’est une révolution. Sur la planète Thellus, les serviteurs de la Maison Erkar se soulèvent contre leurs maîtres, les Barsal de Kitum. L’héritier du trône Kad Moon s’enfuit par une coursive souterraine, en compagnie de son vieux précepteur Albas et de sa fidèle servante Lyn. Mais ils sont obligés d’abandonner Albas, à bout de forces. Leur unique échappatoire les fait sortir d’un puits situé au milieu de la cour du palais, précisément où se réunissent les serviteurs ivres de sang pour fêter leur victoire. Dans le même temps, Jarok le surintendant du domaine, se trouve au chevet du vieux souverain, qui agonise dans ses appartements. Jarok révèle son vrai visage : il est l’un des leaders de la révolution et il poignarde avec une immense satisfaction le vieil homme. Il récupère sur son annulaire une bague orné d’un saphir, un instrument du pouvoir. Puis il rejoint les rebelles dans la cour et les harangue d’un unique mot, qu’ils crient tous en cœur : « Eshtar ». Kad Moon et Lyn profitent de ce moment de célébration pour sortir du puits, avec la complicité providentielle d’un mercenaire appelé Govin, qui fait diversion. Les fugitifs rejoignent l’écurie et équipent leur monture, un moudar (une sorte de vélociraptor avec une tête humaine). Ils fuient alors en gravissant une colline qui fait face à Jarok… qui les repère et lance le signal d’une grande chasse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois de plus, des serfs et des serviteurs se rebellent contre l’arrogante suprématie d’une famille de despotes. Ça se passe sur « l’exotique » planète Thellus, selon deux points de vue, donc deux séries parallèles, qui se rejoindront pour un 5ème album en clé de voûte, nous promettant une conclusion inattendue. Le registre de science-fiction se mâtine donc d’une bonne couche de fantasy pour ce Cycle de Kad Moon, à suivre en parallèle du Cycle d’Eva Samas. Le scénario de Simona Mogavino n’invente rien. Il nous cueille d’emblée dans cet épisode dans un contexte révolutionnaire sanglant, avec la fuite d’un prince vraiment prétentieux et donc peu attachant et sans charisme. Heureusement, à ses côtés, le personnage de Gavin, mercenaire courageux et un peu plus visionnaire que la moyenne, tire la couverture héroïque à lui. La vraie plus-value de cette mise en bouche provient (comme toujours) du dessin en couleurs directes de la compatriote Laura Zuccheri. Ce monde de Thellus offre des paysages sublimes, des canyons berceaux de rivières luxuriantes, des forêts aux branches immenses enchevêtrées, un bestiaire extraordinaire (le moudar en couverture, l’espèce de gorille blanc-rouge tantôt carnivore, tantôt protecteur, la chauve-souris Figue-Sèche…). Pour retrouver la richesse de cet univers mais aussi pour comprendre un peu plus de ses mécanismes naturels et politiques, nous serons ravis de suivre le tome 2 et la jonction du tome 3. Et nous courrons découvrir l’autre cycle parallèle…