L'histoire :
En mai 1963, le comte Antoine Deperray, célèbre magnat de l’automobile, essaie un de ses prototypes au circuit de Monthléry : la puissante Deperray 3000 GT. La voiture est nerveuse et répond bien aux accélérations. Pourtant, la vue d’Antoine se brouille tout à coup et la voiture fait plusieurs tonneaux avant de s’embraser de l’intérieur. Vincent Rossi, le mécano, se précipite pour sauver son patron et parvient à l’extraire de l’habitacle en flammes. Après cet incident, Vincent Rossi mange chez sa mère. Cette dernière est très inquiète de ce que fait son fils. En effet, Vincent est déterminé à prendre le volant de la Deperray aux prochaines courses et ce, malgré le tragique accident qui a coûté la vie à son père. La mère de Vincent tente de le dissuader car elle lui rappelle qu’il vient d’un milieu modeste et qu’il n’est pas fait pour la gloire, ni les honneurs du monde. Vincent ne l’écoute pas et ne comprend pas qu’elle a simplement peur pour sa vie. Quelques semaines plus tard, débute la course de Nurburgring en Allemagne. Antoine démarre et la Deperray se place bien pour la suite de la course. Malheureusement, la vue du comte se brouille à nouveau et il sort quelques secondes de la piste, provoquant une crevaison. Les mécanos réparent la panne, mais la voiture a perdu beaucoup de terrain sur ses concurrents. Vincent prend alors la relève. Roulant à bride abattue et ne ménageant pas ses efforts, Vincent finit par rejoindre ses poursuivants et grignote du terrain petit à petit. Dans un dernier tour canon, il parvient à se hisser sur le podium en atteignant une belle deuxième place. La presse et le public sont unanimes : Vincent est un futur grand pilote. Vincent ne maîtrise plus son succès grandissant et son retour en France lui vaut les éloges de la société mondaine. Même Carole, la jolie compagne d’Antoine Deperray, semble très touchée par le modeste pilote…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tome deux de Trajectoires conserve les mêmes bases que le tome un, en se focalisant sur la Deperray. Les protagonistes ont par contre changé et l’on s’intéresse ici au destin de Vincent Rossi qui passe de simple mécano à celui de vedette des circuits automobiles. L’histoire est bien menée et oscille entre le style de Jean Graton dans Michel Vaillant et un ton journalistique à la Paris Match. En effet, la trajectoire de Rossi a tout du papier glacé et donne à rêver à ceux qui rêvent de sommets et de succès. Les auteurs jouent d’ailleurs sur l’opposition entre les origines du héros et le monde du show-biz. Ce ton faussement naïf retranscrit bien les mentalités d’une époque où les conducteurs automobiles étaient une sorte d’attraction pour les gens de la haute qui admiraient le courage et la dangerosité du métier. Le reste est assez classique et l’histoire bien huilée (normal, me direz-vous, pour un récit qui met en scène des voitures de courses !) avec des personnages bien marqués, dont le destin semble presque aller de soi. Un triangle tragique se dessine entre le vieux comte qui connaît le déclin, sa compagne ravissante et son petit protégé au succès grandissant. Au milieu de courses prestigieuses comme les 24 heures du Mans, Roger Seiter glisse une intrigue prenante et pleine de rebondissements... mais sans réelles surprises. Un petit bémol est aussi porté sur les dialogues, parfois creux et insipides. Le dessin de Johannes Roussel, rehaussé de tons pastel, représente à merveille cette époque surannée des courses automobiles, où le pilote était un chevalier des temps modernes. Les couleurs sont superbes et pleines de délicatesse, même si le trait est par contre beaucoup plus figé et manque de dynamisme. Heureusement, Roussel représente parfaitement les grosses cylindrées, passage obligé de ce type d’histoire. Il a le mérite d’apporter de la douceur dans un univers souvent très masculin. Ces Trajectoire fictives évitent la sortie de piste avec un savoir-faire évident et une intrigue plaisante, en parfaite pole-position de la collection Plein Gaz de Glénat...