L'histoire :
William Campbell est à peine âgé de 11 ans quand il débarque avec sa mère sur Ellis Island, pour immigrer aux Etats-Unis. Nous sommes en 1890 et l'Irlande n'a aucun avenir à offrir à cette jeune femme et son garçon originaires de Galway. Will tente de résister en se faisant passer pour sourd lors des tests médicaux à l'immigration. Sur le point d'être refoulé, il finit par avouer qu'il entend et parle très bien. Tous deux sont acceptés et font leurs premiers pas dans les rues de New York. Ils se rendent sans tarder à la gare centrale pour y prendre le train qui doit les amener à destination, chez un certain Monsieur Neal, leur hébergeur. Mais sur les quais, un homme court vers eux et hurle qu'ils doivent s'enfuir. Il parvient in extremis à écarter le gamin au moment où une explosion ravage les quais. Lorsque la fumée et la poussière retombent, la mère de Will a disparu et le garçon attend son retour, perdu au milieu d'une foule désemparée. Un inspecteur de police va finalement s'occuper de lui, sans parvenir à le faire répondre à la moindre question. Il le conduit alors dans un orphelinat spécial pour les sourds et muets. C'est le début d'une nouvelle vie pour Will...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A peine terminée sa saga Vito, Eric Stalner nous propose une nouvelle série, qui trouve cette fois son cadre dans les Etats Unis de la fin du XIXème siècle. On retrouve son style graphique réaliste, précis et fouillé avec un grand plaisir, qui s'exprime de manière spectaculaire dans les rues de New York. Les premières pages de l'album sont à cet égard remarquables, le regard de Will lorsqu'il essaye de mentir aux médecins de l'immigration étant d'une densité et d'une subtilité rarissimes. Pour cette nouvelle série, la voix off du personnage principal est une véritable trouvaille qui dramatise remarquablement les enjeux du quotidien de Will. On peut alors apprécier le déroulement des cases qui s'enchaînent sans redondance. Le récit y gagne en profondeur, le travail du dessinateur prend une place supplémentaire. Un suspense s'installe sur les véritables raisons du mutisme de Will, tandis qu'une intrigue plus classique emmène le récit à travers des rebondissements traditionnels. On espère que cette double intrigue va se poursuivre dans les volumes à venir, et que la qualité narrative de ce premier tome sera soutenue. Au sommet de son art sur le plan graphique, Eric Stalner nous transporte sans répit vers une dernière case formidable de précision et riche de promesses. Il pourrait bien également être en train de nous offrir son meilleur scénario.