L'histoire :
Will est désormais au cœur du Pink Flamingo, où il sait que le responsable de la mort de sa mère doit se trouver. Il continue de se prétendre sourd et muet, une arme pour tenter de mieux comprendre les secrets que cache ce bordel chic de New York. Mais il semblerait que Twining, le propriétaire du lieu, ait perdu ses protections en haut-lieu. Ce soir là, lorsque le commissaire Langstram fait irruption dans les salons, c'est pour annoncer qu'il ordonne la fermeture de l'établissement. Il accuse le propriétaire de corruption de fonctionnaires. Lors d'une entrevue chez Charly, dans les beaux quartiers, Will comprend que ce dernier compte plus que jamais sur lui pour éclaircir l'affaire de l'explosion du train qui est à l'origine de la disparition de son frère et de la mère de Will. En sortant de chez son ami, il croise un groupe d'hommes qui lui demandent l'aumône. Ces gens n'ont rien à voir avec des mendiants. Ils l'attendaient, ils savent se battre, et sont bien décidés à découvrir s'il est réellement muet. La réaction de Will va lui faire découvrir un indice crucial...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eric Stalner conclut ce diptyque de façon finalement conforme à ses habitudes scénaristiques. Un goût prononcé pour les combats d'homme à homme, un ton assez proche du feuilleton dans les dialogues peu soignés, et surtout la mise de côté du contexte qu'il avait soigneusement créé, pour privilégier une intrigue assez basique. On oublie donc rapidement les questionnements du jeune homme qui se fait passer pour un sourd-muet, dont la douleur de la disparition de sa mère n'aura jamais été esquissée. C'est une vraie frustration, tant le premier tome laissait penser qu'on allait plonger plus loin dans le caractère dur de ce jeune garçon devenu un homme, sans que rien ne lui soit épargné. En pratique, c'est une sorte de vengeance ou de règlement de comptes qui se déroule sous nos yeux, avec des ressorts de western dans les regards échangés et les menaces proférées. Stalner continue de dérouler son style graphique précis de belle manière et c'est toujours aussi impressionnant de nervosité. Mais le temps qui lui est imparti pour finalement poser les enjeux et en fournir les explications est trop court. On saute de surprise en surprise, sans grande cohérence, des personnages à peine aperçus jouant finalement des rôles cruciaux. Cette déception digérée, on continuera donc de rêver d'un grand scénariste qui utiliserait le talent de dessinateur de Stalner pour construire une aventure épique dont les personnages et les contextes s'imbriqueraient dans la durée. Stalner y toucherait des sommets et on se laisserait emporter par son trait flamboyant.
