L'histoire :
Le 13 août 1803, la frégate USS Constitution, sous les ordres du Commodore Preble, s’apprête à lever l’ancre dans le port de Boston. Sa destination, encadrée par 5 autres navires de guerre, est la mer Méditerranée, où les pirates barbaresques n’ont de cesse de rançonner les navires marchands américains et leurs équipages. L’aspirant Pierre-Mary Corbières, frais émoulu de l’école navale, va donc faire ses premières classes sur cette traversée, au milieu de 30 autres officiers et 420 membres d’équipage. Mais plutôt que de se mêler aux autres élèves officiers, grivois et paillards, il préfère de loin la compagnie des matelots et surtout la recherche de la solitude afin de replonger, encore et toujours, dans ses souvenirs d’enfance, ainsi que dans son tout récent statut d’orphelin. Mais c’est compter sans la haine que l’aspirant Powlett va porter à Pierre-Mary, après que celui-ci, particulièrement bien noté par la hiérarchie, soit en partie responsable de la mort de l’aspirant Wilmore, le grand ami de débauche de Powlett. Mais, entre chasse des navires suspects en haute mer, exercice de tir au canon et retrouvaille inopportune avec son oncle, responsable de la mort de sa mère, Pierre-Mary emporte avec lui un tout autre secret. Si grand que s’il était découvert, il lui interdirait à jamais ce monde fabuleux des grands voiliers.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est avec un réel plaisir que l’on (re)découvre, sous la plume de Franck Bonnet, les aventures de l’aspirant Pierre-Mary Corbières. Tirée en partie de faits réels sur lesquels sont romancés l’histoire de notre jeune héros, cette aventure sent le parfum du large et des embruns. Et depuis les célèbres Passagers du vent de Bourgeon, on avait rarement revu des frégates et autres vaisseaux de guerre aussi bien et précisément dessinés. Rien ne manque : des pavillons qui flottent au vent aux cales enfumées par la fumée des canons, des paquets d’eau de mer qui giclent sur le pont, ou encore le Rocher de Gibraltar fendant l’horizon. L’album, comme chez Bourgeon, est truffé de détails techniques sur la voile du XIXème siècle (peut-être même un peu trop), qui devrait ravir tous les amateurs de grands voiliers, avec de magnifiques profils et coupe de l’USS Constitution en guise de pages de garde et un glossaire fort explicite en fin d’album. Le dessin des personnages et des paysages est particulièrement agréable et adapté à l’histoire, avec ses officiers « entuniqués » et ses matelots tout de blancs vêtus, dans des traits plutôt légers et des coloris pastels et sans que les « méchants » ne soient jamais caricaturé. Et toujours en similitude aux Passagers, il faut bien avouer que cette histoire de secret bien gardé par Pierre-Mary n’est pas sans nous rappeler celui de la belle Isabeau de Bourgeon. Au final, le seul reproche que l’on pourra faire à cet album est son annexe en fin d’album, plutôt que des annotations en bas de pages, qui oblige souvent à « aller voir à la fin » pendant l’histoire, ce qui peut en gâcher un peu la lecture.