L'histoire :
Printemps 2013, Hypermarché Carrefour de Narbonne. Émilien Gustin et Louise, sa compagne, viticulteurs, font goûter leur production à l’occasion d’une journée spéciale consacrée à la culture biologique. Leur vin issu d’une production biologique est produit dans un domaine situé à Fleury dans l’Aude, à seulement quelques kilomètres de là. Sur la route du retour, Émilien est marqué par la réflexion d’un client : « Pas mal pour du bio ! C’est pas donné votre bio ! ». Il exprime sa colère contre la grande distribution qui selon lui l’instrumentalise. Louise le raisonne en lui expliquant que les supermarchés écoulent quand même 50% de la production bio ! Une semaine plus tard, Émilien prend sa guitare pour aller jouer de la musique dans ses vignes. Selon un article très sérieux paru dans la presse, la musique aurait d’excellentes vertus sur les cultures : un agriculteur a même sauvé ses courgettes en jouant des mélodies ! Louise est sceptique, ce qui a le don d’énerver Émilien, qui regrette son attitude. Quand on voit comment l’environnement va droit dans le mur, cela ne lui donne pas envie d’élever des enfants ! Quelques jours plus tard, Émilien part chercher un cheval dans l’idée de labourer les espaces entre ses vignes. Il a envie d'aller plus loin dans la logique bio de leur exploitation...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Longtemps confidentiel ou considéré comme une lubie, le bio prend aujourd'hui une nouvelle dimension dans le monde du vin. S’inscrivant dans une démarche environnementale, cette néo-viticulture préconise l’abandon de l’usage des pesticides de synthèse. Au début considérés comme des marginaux de l’agriculture, ces pionniers se sont opposés au voisinage, aux syndicats viticoles et même à leur famille. Face aux divers scandales alimentaires de ces dernières années, le bio a le vin en poupe : les consommateurs le plébiscitent ! Il était donc logique que la saga vinicole Viniféra élevée par Éric Corbeyran s’empare du sujet. Une fois n’est pas coutume, le prolifique scénariste s’est entouré d’un spécialiste de la question, Fabien Rodhain, à qui l’on doit la série éco-engagée Les seigneurs de la Terre (avec Luca Malisan, fidèle complice… d’Éric Corbeyran ! Comme on se retrouve). Loin d’être moralisatrice, sa participation laisse place à un récit plus ancré sur la tension dramatique avec des dialogues moins documentés mais plus incisifs, le dossier en fin d’album suffisant à étayer la thématique du vin bio. Il revient sur les difficultés qu’ont pu rencontrer Émilien et Louise pour changer la propriété familiale. Fâcheries et prises de tête étaient au rendez-vous ! Ici, on est dans le bio de deuxième génération. Le jeune couple veut aller plus loin, pour la terre et les générations futures. Ils n’ont pas d’enfant... Peut-être cela sera t-il un déclic ? Au dessin, Federico Piertobon illustre agréablement cette histoire ancrée dans l’avenir (alors que les précédents tomes illustraient des faits emblématiques) avec son trait efficace. Un album intéressant qui pose les enjeux et ouvre le débat. Et si le bio devenait la règle et non l'exception ?