L'histoire :
1907, Languedoc. Gaston, douze ans, aide son père dans la vigne familiale. Le travail est pénible et le père est un taiseux qui ne compte pas les heures passées au pied des ceps de vigne. Il effectue le boulot de la taille sans prononcer le moindre mot sous les yeux de son fils. Pour cause : voilà plusieurs années que face à la concurrence déloyale de certains producteurs, des fraudeurs qui trafiquent le vin avec des raisins secs ou des lois scélérates ne protègent pas assez les producteurs, les vignerons français se portent au plus mal. En effet, on est en pleine période de surproduction, si bien que le prix du vin a fortement baissé et qu’une bonne partie des récoltes doit être jetée. Un changement est donc nécessaire pour que le Gouvernement prenne des dispositions fortes et sauve les petits producteurs. Aussi, une manifestation est prévue dans les prochains jours à Narbonne. Mais celle-ci sera réprimée dans le sang. Un drame qui va marquer Gaston pour le reste de sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il est bien un alcool qui représente la France dans le monde entier, c’est bien le vin. Au même titre que le fromage et la baguette pour la nourriture, ou le béret pour le couvre-chef ! Et même si le vin est quelque chose de bien ancrée dans notre culture, force est de constater que le grand-public ne sait pas grand-chose de la révolte vigneronne qui a mis le feu dans le sud de la France au début du siècle dernier. De fait, Corbeyran (scénario) et Lucien Rollin (dessins) vont se pencher sur ce pan de notre histoire en mettant en parallèle ce mouvement des vignerons et de ses conséquences pendant les trente années suivantes avec la vie de Gaston et de sa famille. En mêlant des personnages de fiction au travers d’une société en pleine mutation (les révoltes des vignerons, la politique du Gouvernement au sujet du vin, la Première Guerre Mondiale et ses conséquences, les différentes lois plus ou moins applicables...), les auteurs racontent l’histoire du vin dans le siècle dernier avec beaucoup d’aplomb et de ressors narratifs. Et même si Corbeyran a su rester fidèle à la réalité historique au travers des différentes lois qui ont protégé la qualité du vin, on regrette que le récit ne se soit pas plus attardé aux de l’embrasement du midi en 1907 et aux évènements qui se sont déroulés dans les régions viticoles du sud de la France – notamment à Narbonne, véritable théâtre de guérilla urbaine avec un bilan plutôt lourd. Bien évidemment, ce petit oubli n’a rien de rédhibitoire en ce qui concerne le récit, mais il aurait été de bon aloi de mettre l’accent sur ce qui a véritablement mis le feu aux poudres... De son côté, le dessinateur Lucien Rollin s’en tire avec les honneurs et retranscrit bien les paysages de vignes et de labours, même si les illustrations restent plutôt classiques, privilégiant la visibilité plutôt que la mise en scène des images. Au final, Les Révoltes Vigneronnes s’attarde avec beaucoup de justesse sur les conséquences des évènements de 1907 qui ont amené à la mise en place de mesures réglementées dans le monde viticole afin que la qualité et la traçabilité soit toujours de mise. L’histoire de Corbeyran et Rollin appréhende parfaitement les contours de la place du vin en France. À la vôtre !