L'histoire :
Dans une ville de Paris future, moderne et délabrée, trois ados, deux garçons et une fille, cranes rasés et combinaisons orange, s’échappent de l’énigmatique « fondation Markovic ». Ils ignorent qu’ils sont surveillés par deux hommes aux cheveux blancs, cachés dans l’ombre chacun de leur côté. Ils sont alors repérés et pris en chasse par des soldats : sans identification, ils n’ont aucun droit d’être « hors-zone ». Tentant de leur échapper, ils escaladent la façade d’une église, lorsque Lili fait une chute mortelle. Au moment où les soldats reconnaissent que les enfants sont issus d’un programme scientifique de très haute importance, ils mesurent qu’ils sont partiellement responsables de ce tragique accident. Ils décident donc de supprimer les deux garçons aussi, pour effacer toute trace de leur intervention. C’est alors qu’intervient l’un des deux hommes aux cheveux blancs. Il trucide les gardes et propose aux ados de les protéger en les emmenant à travers un saut quantique temporel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voyageur se présente comme une nouvelle série ambitieuse, constituée de 3 cycles de 4 tomes. Dans l’ordre : Futur (4 albums dessinés par Eric Stalner, publiés en 2007 et 2008), Présent (4 albums dessinés par Marc Bourgne, prévus pour 2008 et 2009) et Passé (4 albums dessinés respectivement par Lucien Rollin, Siro, Eric Lambert et Eric Liberge, publiés en 2010 et 2011). Le tout sera ponctué d’un 13e opus, Omega, dessiné par Juanjo Guarnido en guise d’épilogue (en 2011). Ce dernier dessinateur, très sollicité depuis son célèbre Blacksad, réalisera en outre toutes les couvertures. Bref, c’est donc Stalner qui ouvre le bal aux côtés de son compère de la Croix de Cazenac. Il met ici en place un univers d’anticipation sombre et renfermé. Hormis pour quelques sympathiques panoramiques sur notre future capitale, le travail graphique n’est pas donc révélateur du talent de ce dessinateur plus à l’aise dans le registre romantique. Il aurait même tendance à se stigmatiser un peu dans les expressions des personnages, aux regards souvent tristes (Juliane). Côté récit, pour le moment ce premier tome se concentre sur l’émergence du héros et sur sa capacité à traverser le temps grâce à son gêne quantique. Il coexiste donc dans l’album avec lui-même, à plusieurs étapes de sa vie, mais dans une même unité de temps future… Bref, l’intrigue mise en place est encore (volontairement) confuse. Il ne fallait certes pas s’attendre à ce que Pierre Boisserie nous livre d’emblée toutes les clés de sa saga, mais il est urgent d’attendre pour savoir si son scénario tient la route. Le scénariste apportera t-il un angle de vue nouveau à la thématique de SF archi-éculée du voyage temporel et de ses paradoxes ? Pour résumer, comment ne pas influer sur des évènements passés particulièrement néfastes, sous raison qu’ils sont ancrés dans l’Histoire et que leur modification risque de changer la fabrique de la réalité ? Une question qui, marinée de nos problématiques écologiques actuelles, prend une résonance particulière…
