L'histoire :
Désormais adolescents, Fish et Lou poursuivent plus intensément leur apprentissage de la téléportation, aidés en cela par Julianne et Issa. Lors d’un exercice imposé, Fish s’est matérialisé sur Rivdroite, à l’endroit où bien des années auparavant, il a vu choir et mourir son amie Lili. Immédiatement traqué par les pods et les soldats de la Fondation, il fait un ultime effort de concentration pour réapparaître Rivgauche. Julianne constate alors que durant ce périple, il a été blessé au front : il portera dorénavant une cicatrice en forme de V, ressemblant curieusement au mystérieux et discret Vedder, que tous considèrent comme un demi-dieu. Au même moment, Markovic, président du consortium industriel régnant en maître sur Granparis, termine son expérience V3. Il s’agit cette fois de réussir ses cobayes génétiques, à des fins obscures. Mais il est pressé par ses partenaires et ces histoires d’apparitions et de disparitions commencent à l’inquiéter. Il lâche donc des nuées de pods sur la ville, afin de multiplier les identifications. Il ignore que pendant ce temps, Lou et Fish visitent tranquillement ses appartements…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En général, le concept même des voyages temporels provoque souvent des conjonctures narratives inhérentes suffisamment complexes en soi, pour se permettre d’en éclipser les tenants et les aboutissants. C’est pourtant le travers que réemploie Pierre Boisserie dans ce second opus de Voyageur, qui ne livre toujours pas ses secrets. Nous suivons alors « bêtement » d’un côté les aléas de deux ados pourvu d’un pouvoir de téléportation mal maîtrisé, et de l’autre l’objectif nébuleux d’un savant despotique qui joue à l’apprenti sorcier. Certes, quelques maigres informations nous sont données au compte-goutte (l’origine de Granparis et du consortium), mais de schéma global, que nenni. La plupart du temps, les personnages se parlent à demi-mot, pour entretenir un suspens vraiment pompeux sur la logique de fond de cette histoire. Au lieu d’intriguer, cela agace et finit par alourdir le scénario. Il devient urgent de donner une flopée de clés au prochain tome, au risque de perdre définitivement un potentiel de lecteurs intrigués par un projet d’anticipation piquant et ambitieux (13 tomes prévus !). On se contente donc d’attendre en contemplant le joli dessin réaliste d’Eric Stalner… et les jolies couleurs de Jean-Jacques Chagnaud…