L'histoire :
Le décès de Clara lors de l'affrontement entre Fish et Lou/Vedder laisse un nourrisson sur le carreau, alors que Vedder est reparti vers le futur. C'est Alex, la jeune flic et son compagnon Olivier, qui vont recueillir le jeune enfant qui deviendra Louis Markovic. Ils décident de fuir Paris pour échapper aux poursuites organisées par les services secrets. Cherchant à s'isoler pour élever Louis hors de toute violence, ils vont parvenir à mener le jeune garçon jusqu'à la pré adolescence. Mais le groupusucule religieux, qui voyait en Vedder un messie revenu sur Terre, poursuit ses recherches sans relâche. Ils vont tenter de s'emparer du fils de Vedder. 70 ans plus tard, Louis Markovic devenu un savant hyperpuissant retrouve Vedder après son périple temporel. Comment le voyage dans le passé de Vedder aura-t-il influencé les sombres évènements du futur ? Comment le jeune Louis est-il devenu un savant dominateur ? Que vont devenir les plans de Markovic sur le devenir de la Terre ? Autant de questions qui vont progressivement trouver ici leur réponse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première surprise à l'ouverture de cet album, c'est le dessin de Guarnido, le dessinateur de Blacksad. Trait rapide, visages caricaturaux, décors sommaires... Le virtuose espagnol a visiblement fait un voyage dans le temps qui l'a ramené un peu avant que son talent n'explose. Il choisit une approche semi-réaliste très surprenante, alors que Voyageur affichait un visuel clairement réaliste sous la plume de tous ses illustrateurs précédents. On n'ira pas chercher une explication fumeuse à cet étrange choix visuel, mais on ne peut s'empêcher de penser que la motivation du dessinateur a du s'adapter aux chiffres de ventes de la série, plus modestes que prévus. Bref, Guarnido n'a semble-t-il pas forcé son talent pour cet album attendu, avec notamment le visage de Lemarec qui ressemble au Jonah Jameson des premiers Spider Man, ce qui n'est pas un compliment. Une fois passé ce choc, on plonge dans un récit de conclusion bien construit, qui reboucle efficacement avec toutes les intrigues précédentes et fournit une explication à la montée en puissance de Markovic. On assiste même à de nombreux développements supplémentaires, qui satisferont les amateurs de surprises. La vision des états noyés sous leur dette, rachetés par des conglomérats de banques hyperpuissants semble d'ailleurs quasi prémonitoire dans le contexte actuel d'agences de notations qui dictent les politiques économiques des pays occidentaux. Bien vu de la part des deux scénaristes complices (Pierre Boisserie et Eric Stalner). Ils donnent ainsi à leur saga une colonne vertébrale de politique-fiction plutôt solide. La lecture de ce tome de conclusion est au final plutôt plaisante, mais elle exige du lecteur une bonne connaissance des cycles Présent et Futur, qui contiennent la vraie intrigue de cette série ambitieuse. Les digressions dans le cycle Passé n'auront été qu'un amusement (pas toujours passionnant d'ailleurs) autour du paradoxe temporel, tandis que les enjeux du sombre futur de Grandparis sont clairement établis dans le présent. La satisfaction d'une intrigue qui boucle de manière propre, reste le sentiment dominant à la lecture de ce treizième tome. C'est sans déplaisir qu'on peut alors se replonger dans les premiers albums de la saga.