L'histoire :
19 juin 1815. Au lendemain de la bataille de Waterloo, un Français est sauvé in extremis du peloton d’exécution. Le Baron Dominique Larrey, Chirurgien en chef de la Grande Armée, est reconnu par le chirurgien-major qui est chargé de lui bander les yeux. Emmené au Feld-Maréchal Blücher, commandant en chef des armées prussiennes, il est soigné, lavé et sustenté. Les deux hommes se livrent alors à une reconstitution de la bataille, chacun avec ses informations, son tempérament et sa partialité. En effet, Blücher, qui a été blessé à la bataille de Ligny trois jours avant, rappelle qu’il a lutté pour empêcher celui qu’il appelle « l’ogre » de régner sur l’Europe ; quand Larrey défend son ami, revenu de l’île d’Elbe, car il n’était plus indemnisé et où on cherchait à l’assassiner, soutenu par le peuple pour défendre son honneur et sa liberté. Le débat s’engage entre les deux hommes, respectueux mais sans concession. Tous deux en connaissent pourtant l’issue, mais nous éclairent sur les causes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le 18 juin, on fête chaque année l’appel du général de Gaulle à résister à l’occupant en 1940. C’est pourtant aussi une autre date anniversaire, moins heureuse mais glorieuse pour autant : en 2015 on fête les 200 ans de la victoire de la coalition prusso-britannique sur l’armée française de Napoléon 1er à Waterloo (Hugo dira : « d’un côté c’est l’Europe et de l’autre la France »). Cet album en retrace fidèlement les grands moments, grâce à une conversation entre un très proche de Napoléon, survivant de la déroute, et le commandant en chef de l’armée prussienne. Parfaitement documenté, très chargé de dialogues et de descriptions, Waterloo – Le chant du départ ravira les passionnés d’Histoire en général et de l’Empereur en particulier. Les scènes de batailles sont épiques et empruntent leurs cadrages aux plus grands tableaux. Le découpage de l’histoire donne une véritable vie à l’action, un dynamisme incroyable à ce qu’on imagine souvent comme un tableau figé. Le tout est assez efficace, même si le lecteur lambda devra s’accrocher quelquefois devant l’amoncellement des noms et des lieux… mais le sujet est passionnant, le propos est passionnant, et on entre très rapidement dans l’histoire. On n’en sort qu’à la toute fin où, last but not least, nous attend un dossier de 15 pages d’un historien de référence sur la période, Jean Tulard, spécialiste du Premier Empire. Clair et émaillé de belles reproductions, il approfondit le travail déjà excellent de Bruno Falba, Christophe Régnault et Maurizio Geminiani. Morne plaine, peut-être, mais bel album.
