L'histoire :
Après avoir réalisé des films et des séries pendant plus de 20 ans, Benoît Cohen sent qu'il a besoin de prendre un nouveau départ dans un nouveau pays et il choisit sa destination : les États-Unis. En 2014, il décide donc de déménager pour New-York et décide dans la foulée de devenir chauffeur de taxi pour les besoins de l'écriture d'un scénario. En plongeant ainsi au cœur de la ville, en se nourrissant de la richesse de la métropole, il espère trouver l'inspiration pour son travail d'écriture. C'est dans une école du cœur du quartier du Queens qu'il apprend toutes les ficelles du métier de chauffeur de taxi et fait la rencontre de ses futurs collègues, migrants de tous pays à la recherche du rêve américain, avant d'affronter le terrible labyrinthe administratif qui mène au précieux sésame : la licence de taxi driver. Au volant de l'emblématique yellow cab, Benoît arpente les rues de la Big Apple, observe les visages de milliers de personnes, imagine leurs vies et emmagasine les histoires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la base, le projet original de Benoît Cohen de s'exiler à New-York et de devenir chauffeur de taxi pour les besoin de l'écriture d'un scénario aurait dû faire l'objet d'un film. Mais l'auteur a finalement décidé d'en faire un livre, paru en 2017. Après le succès de ce dernier, l'idée a germé chez Glénat de l'adapter en bande-dessinée pour donner une nouvelle dimension à cette aventure humaine saisissante. Ainsi, en plus de suivre la vie de Benoît Cohen dans la Big Apple qu'il tente d'apprivoiser, le lecteur découvre au travers de pas mal de références cinématographiques les récits de voyages des passagers que rencontre le taxi driver au sein de ses périples dans Manhattan, Brooklyn ou le Bronx. De fait, l'histoire devient vite un récit protéiforme où s'entrechoquent petits et grandes histoires, réflexions politico-sociales et personnelles, le tout via le prisme de la vision d'un chauffeur de taxi, observateur et acteur indéboulonnable du quotidien New-Yorkais. Du côté des dessins, Christophe Chabouté a réussi le tour de force de retranscrire à merveille l'atmosphère particulière de New-York et le ressenti personnel du narrateur au fil des pages. Qui plus est, l'utilisation du noir et blanc et l'encrage appuyé permet de donner à l'ensemble énormément de relief tout en gardant en toile de fond le côté urbain de la mégapole. On sent que la ville est presqu'un personnage à part entière tant le graphisme et les ambiances mises en place par Chabouté sont prégnantes. Au final, après avoir refermé Yellow Cab, on se prend à rêver de la Big Apple et du projet ambitieux de Benoît Cohen d'arpenter les rues de la ville pour les besoin d'un scénario. À la fois invitation au voyage et introspection sur le processus créatif, Yellow Cab est une bande-dessinée certes inclassable mais plutôt marquante...
