L'histoire :
Mars 1809, dans les méandres de la rivière des perles, le fleuve dont les eaux se jettent dans la mer de Chine. Sheng Shi, la chef d’une confédération de pirates, réclame son tribut à un armateur à qui elle offre sa protection. Le marin n’est pas disposé à payer et fait valoir ses amitiés avec Bai Ling, le gouverneur de la région. La réponse de la pirate est sans appel : elle tue le marchand, le décapite et fait parvenir sa tête au gouverneur du Guangzhou. Après un temps de réflexion, le représentant de l’empereur chinois décide d’aller à la rencontre de cette femme qui défie son autorité et sème le désordre dans la région. Conduit seul jusqu’au repère de Sheng Shi, le gouverneur Bai Ling n’est pas en position de force. La pirate le rappelle à ses engagements : il doit à nouveau lui garantir que chacun continue à verser son tribut sinon, lui comme les marchands, s’exposent à de sérieuses représailles. Dans les jours qui suivent, la pirate n’hésite pas à faire une démonstration de force qui met la pression sur le gouverneur...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Yves Delitte se lance dans un nouveau biopic en deux volumes, en revisitant le mythe d’une femme pirate chinoise : Zheng Shi. Elle fut aussi connue sous le nom de Madame Tsching quand elle était tenancière de bouge à Macao. Cette pirate aurait terrorisé les mers de Chine au début du XIXème siècle avec 300 jonques et 40 000 hommes à ses ordres. Jean-Yves Delitte fait un portrait d’une femme effrayante, prête à tout pour se faire respecter. Même le pouvoir local est pieds et poings liés, car il a pactisé avec cette femme qui, en fine stratège, sait qu’ainsi l’empereur ne sera pas tenu informé de ses méfaits. Les vents risquent cependant de tourner quand un navire portugais est pillé et ses 57 marins tués. Delitte est un virtuose quand il s’agit d’illustrer des récits maritimes : Ce n’est pas pour rien qu’il a été élevé au rang de « peintre officiel de la Marine Belge » et membre titulaire de l’Académie des Arts et Sciences de la mer. Les représentations des vieux gréements s’étalent parfois sur des doubles-pages qui foisonnent de détails. Même la mer avec ses couleurs, ses vagues, l’écume, est d’un réalisme surprenant. Il n’est pas avare de détails non plus quand il s’agit également d’illustrer les scènes de boucherie avec des têtes pour trophée que les pirates empalent sur des pics. Encore une fois, Delitte démontre qu’il est très à l’aise dans les récits d’aventures maritimes, tant dans la narration que pour leur illustration.