L'histoire :
Tout a-t-il déjà été dit sur les zombies ? Oui et non. Excité par la commande faite par Jacques Glénat après avoir écrit un ouvrage sur les Slashers, Claude Gaillard n’a pas pu s’empêcher de se lancer à corps perdu dans le recueil d’une somme sur le sujet. Or a priori, il existerait plus de 800 films sur les zombies ! L’exhaustivité est impossible. Avec la complicité de son ami Guillaume le Disez, Gaillard a donc mené l’enquête comme on recherche le patient zéro d’une pandémie : en remontant le plus haut possible vers les sources. Le mythe du zombie ne s’est construit ni en un jour, ni en un film. Ses origines sont multiples et ses mutations nombreuses. Or à la base, il y a avant tout un monstre. Le périmètre de cette créature doit être bien défini et surtout incarner le grain de sable qui dérègle la mécanique du réel. Il en profite pour épouvanter son spectateur en chatouillant son cerveau reptilien : et si ça s’trouve, c’était possible ? Le « zombie » est avant un état transitoire, une projection de notre propre devenir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On avoue : cet épais et magnifique recueil explicitement baptisé Zombies n’a pas grand-chose à voir avec le 9ème art. On s’y intéresse ici avant tout parce que les zombies sont nos amis… bien plus que pour l’unique élément iconographique issue d’une bande dessinée en p.316 : un extrait du comics Walking dead de Robert Kirkman et Charlie Adlard. Cette monographie est avant tout une impressionnante somme, sur tout ce que le 7ème art (et les séries TV) ont pu produire en matière de morts-vivants purulents, putréfiés, claudicants et assoiffé d’hémoglobine. On est impressionné, il y en a des centaines ! Selon un découpage en chapitres plutôt chronologique, les auteurs Claude Gaillard et Guillaume le Disez, spécialisés dans la pop-culture expliquent en préambule que l’image typique du zombie et les codes qui le régissent dans les fictions d’épouvante sont plus issus des œuvres cultes de Georges Romero (La nuit des morts-vivants, en 1968), que de la mythologie haïtienne (vaudou) dont le mot provient. Gaillard et le Disez font un impressionnant travail de documentation, d’analyse et de répertoire, sur les fondations, les tendances et la symbolique. Car un « mort-vivant », c’est un peu, en résumé, la condition de l’être humain, dont la funeste destinée anthropocénique s’accélère à la même vitesse que le genre s’impose, ces dernières années. Ils étayent l’ouvrage de nombreuses affiches de films et d’extraits photos gores et impressionnantes, qui font honneur aux équipes de maquilleurs et de FX inévitablement à l’œuvre. Ils n’oublient pas d’ajouter pas mal d’humour et sous-titres bien trouvés. Une somme vraiment impressionnante, à feuilleter par bribes avant de devenir post-mortem.